RÉORGANISATIONS. Cette année, le Poisson d'avril était d'une couleur rouge, le même rouge que le Parti Libéral du Québec. Le gouvernement de Philippe Couillard impose deux réformes majeures, soit celle du milieu de la santé avec l'entrée en vigueur de la Loi 10 et l'abolition des Conférences régionales des élus, tel qu'annoncé dans le projet de Loi 28.
Dans les deux cas, les changements apportés impliqueront des réorganisations majeures des systèmes de gestion et seul l'avenir nous dira si ces décisions sont les bonnes pour l'avenir du Québec.
Chose certaine, un Poisson d'avril, après coup, on peut en rire. Dans le présent cas, il ne semble pas y avoir grande matière à rire.
Monstre administratifLe 1er avril dernier, à Alma, à l'invitation de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), on retrouvait autour d'une table des représentants syndicaux des principaux établissements de santé de la région, soit La Baie, Chicoutimi, Jonquière, Alma, Roberval et Dolbeau-Mistassini. On a alors sonné le glas du réseau de la santé avec la mort annoncée des agences de la santé et des services sociaux et la fin de l'autonomie des établissements.
Le constat, mais surtout la dénonciation est unanime sur le « monstre administratif » que l'on est en voie de créer dans notre région.
Avec la création officielle du CIUSSS, le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux, cette nouvelle créature du gouvernement prend la relève pour tous les établissements de santé de la région. Du coup, on concentre dans les mains de quelques décideurs un budget de plus de 700 millions $ et le sort de quelque 11 000 travailleurs de la santé répartis aux quatre coins de la région.
Pourtant, il ne faut pas remonter loin en arrière pour se rappeler que l'Agence de la santé et des services sociaux avait amorcé en 2003, toute la réorganisation du réseau en invitant les entités locales à se structurer, à bâtir de solides conseils d'administration avec des gens de la place et prendre en charge la gestion de la santé sur leurs territoires respectifs.
On était ainsi assuré à l'époque que cette forme de gestion était la meilleure, car les décideurs avaient à cœur de bien desservir avant tout leur communauté, en fonction des conditions du milieu.
Le cas du CSSS de Lac-St-Jean-Est est typique de cette prise en charge de la santé du milieu.
Tout en respectant les grands enjeux fixés par l'Agence, tout en répondant aux commandes de coupures administratives, tout en mettant en place un réseau de la santé ultraperformant pour les citoyens de la MRC Lac-St-Jean-Est, les administrateurs avaient même réussi à accumuler un surplus de 1,4 million $, un bas de laine pour les années encore plus difficiles qui s'en venaient.
La nouvelle organisation va ne faire qu'une bouchée de ce surplus.
ConcertationAu même moment, ce sont les maires de la région qui ont dû avaler de travers la dernière bouchée de leur Poisson rouge du 1er avril.
Le Saguenay–Lac-Saint-Jean n'a pas eu le choix de se doter d'un nouvel organisme qui agira à titre d'outil de concertation régionale. La nouvelle Conférence régionale des préfets remplace la Conférence régionale des élus.
Dans la compréhension de Monsieur et Madame Tout-le-Monde, on se demande bien à quoi rime ce changement et vers quoi tend le gouvernement en abolissant un système qui pourtant avait fait ses preuves.
Depuis l'annonce de ce changement, les élus de la région n'ont jamais cessé de signifier l’importance du maintien d’une instance régionale de concertation, de planification et de coordination, et d’accorder à cette instance les leviers nécessaires pour lui permettre de remplir sa mission adéquatement.
Face à la grogne généralisée, le ministre des Affaires municipales a confirmé que les régions qui le désirent pourront se doter d'une instance de concertation et de développement supra locale. Chacune des régions pourra ainsi choisir le modèle de concertation qui lui convient le mieux.
Les MRC auront un grand rôle à jouer et la personnalité de chacun des préfets aura une influence sur l'avenir du système. Ce sera le dossier à suivre pour les prochains mois.—