RÉADAPTATION. Les deux Centres Jeunesse du Saguenay-Lac-Saint-Jean de Roberval (Le Chesnaie) et Chicoutimi (Saint-Georges) ont répertorié 97 fugues en 2015-2016, ce qui représente une hausse de 20% comparativement à l’année 20013-2014.
Est-ce que cette augmentation incite les décideurs du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Saguenay-Lac-Saint-Jean (CIUSSS) à revenir en arrière et à imiter le Centre jeunesse de Laval qui a décidé de barrer les portes depuis la mi-février après une vague de fugues d’adolescentes ?
« Nous maintenons l’application des orientations ministérielles de 2007 qui sont de ne pas verrouiller les portes aux jeunes en centre jeunesse. La situation est préoccupante, mais elle n’est pas alarmante. Nous adaptons nos pratiques pour intervenir auprès des jeunes en considérant que les portes ne sont pas verrouillées », de déclarer Mme Karine Gagnon, agente d’information au CIUSSS.
Réadaptation
Pour sa part, la criminologue au centre jeunesse, Geneviève Poitras mentionne que les centres jeunesse ont développé des pratiques d’interventions intéressantes avec les jeunes qui sont hébergés dans les centres de réadaptation.
«L’objectif premier est la réadaptation en fonction des problématiques que vivent les jeunes. Souvent c’est multifactoriel (consommation, troubles de comportement, agressivité, délinquance mineure, problèmes relationnels importants au niveau de la famille) et ça englobe plein de choses, dont les fugues. »
Mme Poitras ajoute qu’il existe aussi une unité d’encadrement intensif où les portes sont barrées et qui n’existait pas avant 2007, année où l’on a déverrouillé les portes des centres de réadaptation.
97 fugues
La criminologue prend le soin de préciser que 97 fugues ne représentent pas 97 fugueurs différents.
« Nous avons des fugueurs chroniques et ceux qui le font qu’une seule fois. Chaque situation est différente. Il est difficile d’expliquer l’augmentation des trois dernières années. Ce que l’on constate, toutefois, ce sont les jeunes de 15 à 17 ans qui fuguent le plus. Les fugues sont toutes préoccupantes, mais certaines plus que d’autres. Par exemple, nous savions qu’une adolescente était en relation avec des hommes beaucoup plus âgés qui consommaient lors de ses fugues et elle recherchait ceux qui lui donnaient accès à la drogue. Elle était prête à faire bien des choses pour cela. »
Contrairement aux événements de Laval, le phénomène de gangs de rue demeure quelque chose de marginal dans la région. « Malheureusement, nos jeunes en fugue qui consomment peuvent faire de la prostitution pour obtenir de la drogue ou un échange de services », précise Geneviève Poitras.
Fumer dehors
Enfin, parmi les mesures qui pourraient être apportées pour limiter ou rendre les occasions plus difficiles aux jeunes fugueurs, le Centre jeunesse du Saguenay-Lac-Saint-Jean se penche sur les pauses cigarette à l’extérieur.
« Oui, c’est souvent une opportunité pour eux. Ils ont leurs vêtements et ils n’ont qu’à partir à la course. Un espace clos à l’extérieur pourrait s’avérer une solution. En même temps, il faut dire que les fugues ne se font pas toujours à partir du Centre de réadaptation comme on est porté à le croire. Elles surviennent aussi à partir du milieu scolaire, lors d’une visite dans la famille, une sortie individuelle. »
Soulignons que les deux centres de réadaptation de la région comptent 82 places pour les 12-18 ans, incluant l’unité de garde fermée de la Loi de système justice pénal pour adolescents (LSJPA) à Roberval.—
Fugues Centre jeunesse au Saguenay-Lac-Saint-Jean
97
2015-2016
84
2014-2015
77
2013-2014