La firme Forum, service d’urbanisme de Saguenay, a souligné récemment sa première année d’existence. Son fondateur, l’urbaniste Pier-Luc Dufour, prend pleinement conscience des besoins criants en service d’urbanisme au Saguenay-Lac-Saint-Jean.
« J’ai travaillé pendant deux ans pour une firme privée avant de me lancer à mon compte en 2023. Au départ, je ne pensais pas embaucher une employée pour la première année, mais la vivacité de la demande pour mes services a accéléré ma croissance. Il y a fort à parier qu’au cours des prochains mois, j’agrandirai une seconde fois l’équipe », raconte Pier-Luc Dufour.
Quelque temps avant son saut en entrepreneuriat, trois urbanistes, des travailleurs autonomes basés au Lac-Saint-Jean et à Saguenay, ont pris leur retraite.
« Le départ de ces professionnels laissait un trou à combler dans la région. Une grande partie des petites municipalités ne disposent pas d’urbanistes et n’ont pas accès fréquemment à ce type d’expertise », souligne-t-il en ajoutant que sa clientèle est composée en deux groupes : les organismes publics (municipalités) et les promoteurs privés.
« 2023 a confirmé mes observations sur le manque d’urbanistes en région. 85% de ma clientèle représente le secteur public et 15% seulement pour le privé », précise celui qui dessert des clients jusque sur la Côte-Nord.
Cannibalisme et surenchère
La demande serait si élevée en comparaison de l’offre que les municipalités n’hésiteraient pas à se voler des ressources.
« J’ai parlé dernièrement avec des jeunes qui ne sont même pas encore diplômés de leur technique collégiale et qui reçoivent déjà des offres d’emplois de Saguenay. »
Il souligne qu’un phénomène pire encore se dessine dans le paysage municipal.
« Certaines municipalités, de plus grandes envergures, n’hésitent pas à faire des offres salariales supérieures aux travailleurs qui sont déjà en poste ailleurs pour les attirer. Ce n’est pas drôle, elles se cannibalisent entre elles. »
Une gestion qui pourrait être ardue
Le roulement de personnel à ce type de poste serait également élevé selon l’entrepreneur. Il s’agit d’une problématique importante puisque le suivi de dossier est moins efficace.
« On débarque dans la municipalité pour un contrat de modification de règlementation et on se rend compte que les documents ne sont pas à jour et que les modifications subséquentes n’ont pas été intégrées dans la version la plus à jour. Hypothétiquement, cela peut être grave puisqu’une municipalité pourrait délivrer un permis qui va à l’encontre de ses propres règlements », conclut Pier-Luc Dufour.