Mercredi, 11 décembre 2024

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La faim continue de gagner du terrain dans la région

Le nombre de demandes d’aide alimentaire a doublé depuis trois ans

Jean-François Desbiens
Le 07 novembre 2024 — Modifié à 15 h 05 min le 07 novembre 2024
Par Jean-François Desbiens - Journaliste

La faim continue de gagner du terrain dans la région, constate Moisson Saguenay-Lac-Saint-Jean. Les 82 organismes que la banque alimentaire dessert en denrées afin de les distribuer aux plus démunis ont reçu 107 % plus de demandes de dépannage alimentaire depuis trois ans.

En 2022, ces organismes ont reçu 36 850 demandes, 59 830 en 2023 et 75 921 cette année. Des chiffres inquiétants, souligne le directeur général de Moisson Yanick Soumis.

« La pauvreté augmente. On le voit d’année en année. Il n’y a pas de ralentissement. Il y a plus de 39 000 demandes d’aide alimentaire supplémentaires par mois, comparativement à 2021. Notre bilan démontre qu’il y a environ 76 000 demandes d’aide alimentaire mensuellement dans la région. Ce sont 14 813 personnes qui reçoivent de l’aide de dernier recours chaque mois pour répondre à un besoin primaire, se nourrir. »

Les usagers des comptoirs alimentaires continuent de provenir de tous les horizons, ajoute-t-il. Ce sont des aînés, des parents, des enfants et de plus en plus de travailleurs.

Des gens qui travaillent

« Ce qu’on voit, qui apparaît de plus en plus en grande proportion, ce sont des gens qui travaillent. Leur nombre a augmenté de 181 % depuis trois ans. Souvent, les deux conjoints travaillent, mais n’arrivent pas, en raison de la hausse du prix des aliments et de l’inflation. Ils paient leur loyer avant de se nourrir, parce qu’ils n’ont pas le choix. Les gens à faibles revenus sont beaucoup impactés. »

Yannick Soumis ajoute que même si son organisation a réussi à récupérer environ 60 % plus de denrées auprès de ses fournisseurs et ainsi en distribuer 44% de plus aux organismes, elle n’est toutefois pas en mesure de répondre à 100% des demandes.

« On est capable de répondre à 84% de leur besoin. C’est déchirant et on a des choix difficiles à faire. Quand on prépare les commandes, on peut parfois envoyer les quantités demandées, d’autres fois non selon le type de produits. S’il s’agit de fruits et légumes, on veut être équitable et en donner à tout le monde. »

Déficit d’opération

En plus de ses 21 employés, Moisson Saguenay Lac-Saint-Jean peut compter sur une cinquantaine de bénévoles pour remplir sa mission, mais cherche de nouveaux revenus.

Malgré l'aide financière de Québec, l’organisation se dirige vers un déficit d’opération d’environ 200 000$ à la fin de l’année. Pour le combler, elle compte organiser des activités-bénéfice.

Yannick Soumis termine en mentionnant qu’à long terme, il ne voit cependant pas la lumière au bout du tunnel.

« Tant et aussi longtemps que la crise du logement abordable ne sera pas réglée, il n’y en a presque plus, on va voir des augmentations du nombre de gens dans les comptoirs alimentaires. Il faut la mise en place de politiques publiques fortes de lutte contre la pauvreté. »

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