La vie de Franceska Bouchard a basculé lorsqu’en août 2024, elle ressentit un engourdissement au niveau des pieds. Elle allait plus tard apprendre qu’il s’agissait de la première manifestation de la sclérose en plaques.
Mais avant d’obtenir son diagnostic, la jeune femme originaire d’Alma a traversé des moments pour le moins anxiogènes alors que la sensation d’engourdissement a continué de se propager.
« Ça a continué de monter jusque dans mes jambes, puis éventuellement, j’ai été gelée jusqu’au cou. C’était comme quand on revient de chez le dentiste et qu’on est encore gelé. Ma première poussée, ça a vraiment été un choc. »
Après plusieurs allers-retours aux urgences, Franceska Bouchard a été soumise à une batterie de tests, tests au terme desquels on lui a diagnostiqué une sclérose en plaques. La lésion cérébrale à l’origine de ses premiers symptômes l’a amenée à être hospitalisée durant quatre mois.
« Comme ma neurologue m’a dit: ce n’était pas banal comme première poussée. »
La trentenaire dit avoir vécu les premiers symptômes de la maladie comme une « trahison de son corps ».
« C’était très angoissant, il y avait beaucoup d’inconnu. Quand on est jeunes, on est peu arrogants, on pense que ça arrive juste aux autres. Je faisais du yoga, j’étais en santé, je faisais tout ce qu’il faut…»
Résilience
Il aurait été facile pour la jeune femme de s’apitoyer sur son sort alors que pendant un certain temps, le simple fait de marcher était devenu une montagne.
« Je ne me rendais même plus au bout de la rue, dit-elle. J’essayais d’aider mon chum à faire le souper, et je n’étais même pas capable de couper les légumes. J’étais brûlée. »
Mais non, fidèle à elle-même, Franceska Bouchard ne s’est pas laissé abattre. Elle s’est retroussé les manches et a entrepris de travailler sur ce qu’elle pouvait contrôler et de lâcher prise sur le reste. Pour elle, pas question de se laisser « définir par sa maladie ».
« Au début, c’est sûr que tu veux ravoir ta vie d’avant. Mais j’ai tout de suite arrêté de penser comme ça parce que ça m’aurait fait souffrir pour rien étant donné que le retour en arrière est impossible. Maintenant, je m’efforce de penser à ce que je peux faire pour avancer, pour avoir une meilleure qualité de vie, pour tirer des leçons et pour devenir une meilleure personne. »
« J’essaie le plus possible de cultiver un environnement sain dans ma tête parce que jusqu’à un certain point, je suis persuadée que ça a des répercussions positives sur mon corps », ajoute-t-elle.
Apprentissage
Dès son congé de l’hôpital, Franceska Bouchard s’est mise à écouter son corps davantage et à modifier ses habitudes de vie conséquemment.
« Au travail, je ne m’autorise plus à finir plus tard que 23 h. J’ai aussi beaucoup modifié mon alimentation en y ajoutant le plus de produits anti-inflammatoires possible et en évitant autant que possible les aliments transformés. Je ne dis que ça marche pour tout le monde, mais pour moi, ça semble avoir des effets bénéfiques pour l’instant! »
Celle qui est professeure de yoga en plus d’être serveuse à l’Auberge des îles de Saint-Gédéon admet toutefois que se restreindre ainsi n’a pas été chose facile. C’est qu’elle devait s’imposer de nouvelles restrictions au même moment qu’une « grande soif de vivre » s’emparait d’elle.
Espoir
« À mon rendez-vous de suivi, six mois après mon diagnostic, ma neurologue m’a annoncé que la lésion qui m’a fait vivre ma première grosse poussée était presque complètement disparue. Alors, pour le moment, elle est à l’aise que je continue sans médication, que je continue sur ma lancée avec mes démarches personnelles. Le feu n’est pas pris! », se réjouit Franceska Bouchard.
La jeune femme invite ceux qui traverseraient la même épreuve qu’elle « à ne pas s’auto-condamner dès le départ ».
Même si c’est difficile, il n’est jamais trop tard pour regagner un peu de souveraineté sur sa vie. C’est possible de vivre une belle vie, de vivre de beaux moments malgré ça. Il y a du beau dans tout », conclut-elle.