Plus de 1000 arbres ont été plantés entre le 2 et le 5 juin dernier sur un tronçon de 1,5 kilomètre le long de la Grande Décharge à Alma, près de l’embouchure de la rivière Saguenay. Il s’agissait du premier projet de bandes riveraines élargies dans la région et il a été réalisé sur les terres cultivées de Nicolas Munger et de Dominique Rodrigue, de l’entreprise Pépinière Delisle.
Ce projet a été financé entièrement par le programme Carbone riverain de la coopérative Arbre-Évolution, déjà connu pour ses projets de reboisement social à Dolbeau-Mistassini, Saint-Félicien, Saint-Méthode, Roberval, Lac-Bouchette et Saint-Fulgence. Concrètement, deux rangées d’arbres ont été aménagées entre le 3e mètre et le 8e mètre à partir de la ligne des hautes eaux de la rivière. Comme la loi force les agriculteurs à ne pas cultiver à moins de 3 mètres du cours d’eau, cette façon de faire étire donc le boisement de 5 mètres additionnels dans le champ, créant ainsi des corridors fauniques et écologiques.
Dans un communiqué, la coopérative précise que le budget total du projet, qui inclut la taille des arbres et un suivi sur 40 ans, s’est élevé à 84 000$. Il a été rendu possible grâce à la participation financière de 11 organisations et PME québécoises, dont la Fédération de commerce de la CSN, l’Institut nationale de recherche scientifique, l’Assemblée nationale du Québec et Aventure Éco-Tourisme Québec.
« C’est une évidence, il faut augmenter la cadence face à la crise du climat et ce sera impossible d’y arriver sans l’implication accrue du secteur privé, souligne Simon Côté, le coordonnateur général d’Arbre-Évolution. Nous avons bâti un modèle très porteur qui permet aux organisations d’améliorer leur bilan socio-environnemental tout en supportant des plantations près des cours d’eau qui n’auraient pas vu le jour sans leur financement. »
Un financement issu des crédits carbone
Simon Côté ajoute que le programme lancé il y a un peu plus de 3 ans propose aux acteurs de l’économie de réduire leur bilan GES en achetant des crédits carbone pour protéger les bandes riveraines en milieux agricoles. « L’objectif, c’est de protéger davantage nos cours d’eau, de conserver la biodiversité, d’ajouter des revenus additionnels pour l’agriculteur et de ne pas puiser dans les fonds publics pour y arriver. »
Pour compenser la perte d’espace cultivable, le producteur agricole reçoit une somme d’environ 24 000$ par hectare aménagé.
Résilience face aux changements climatiques
Le propriétaire des terres situées le long de la Grande Décharge, Nicolas Munger, s’est dit heureux d’avoir pu ainsi participer à la conservation de la nature. « J’ai peut-être perdu un peu de champs, dit-il, mais j’ai grandement amélioré la résilience de mes terres face aux changements climatiques. Je suis certain que, dans le futur, ma propriété aura encore plus de valeur grâce à ça. »
Nicolas Munger a obtenu une compensation pour son projet et aucuns frais ne lui été chargé. En contrepartie, il a signé une servitude notariée de conservation à perpétuité. « De cette manière, nous garantissons aux acheteurs de crédits carbone que leur investissement sera permanent et qu’il n’y aura pas de retour en arrière, termine Simon Côté. Pour nous, c’est important que la nature en sorte gagnante, pour toujours ».