Chroniques

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L’anglais et le sport

Le 18 avril 2024 — Modifié à 12 h 00 min le 18 avril 2024
Par Mark Dickey

J’aime la politique faite autrement. J’aime quand une femme ou un homme se lève pour dénoncer un dossier qui lui tient réellement à coeur. Je déteste l’opportunisme. Vous comprenez donc que je ne suis pas en amour avec beaucoup de politiciennes et politiciens. Le dernier en lice pour lequel je manifeste une certaine déception est Paul St-Pierre-Plamondon qui a fait récemment une sortie sur l’anglais dans la LHJMQ.

Ce dernier s’est indigné de voir les joueurs des Voltigeurs de Drummondville arborant un chandail avec les mots « Gilles Courteau Trophy Playoffs Voltigeurs », sans laisser place à la langue de Molière. Ces chandails n’ont jamais été mis en vente au public et c’est de la régie interne pour les joueurs. N’eut été de la photo qui a circulé sur les médias sociaux, il n’y aurait pas eu de scandale. PSPP a même évoqué l’idée de lancer une commission parlementaire, rien de moins !

Ma déception se situe là ! Cette « pratique » qui consiste à faire des slogans rassembleurs et des chandails aux écritures anglophones n’a absolument rien de nouveau. J’ai même déjà vu des équipes, dirigées par un entraîneur incapable de soutenir une conversation en anglais, avec des mots de ralliements « in English », dans une autre décennie ! Est-ce qu’on peut blâmer les jeunes d’y aller de mots en anglais ?

Au risque de me faire lancer des tomates, vous ne trouvez pas que « All for the Cup » sonne plus imposant que « Tous pour la Coupe » ? Bien, pour les jeunes oui ! Qu’on l’accepte ou non, l’anglais a toujours été présent dans le hockey. Les murs de nos arénas ont tous entendu des « le kid a scoré un gros goal en power play » et des « gros saves du goaler sur le pk ». Si vous avez grandi avec les Richard Garneau et René Lecavalier, vous yeux saignent présentement, mais c’est la réalité.

Au golf, qui n’a jamais parlé de sa « drive » ou de son « putting » déficient autour d’une bière dans le « clubhouse » ? Pour consommer beaucoup de football et suivre une équipe dont la majorité des matchs sont présentés en anglais, il va m’arriver régulièrement de chercher le terme français pour certains joueurs de position. Là où j’ai une responsabilité, c’est de dire et d’écrire les bons mots, que ce soit à la radio ou ici dans Le Réveil. En tant que membre des médias, c’est un devoir. Toutefois, dans une chambre de hockey, dans l’émotion d’un vibrant discours, je n’ai rien contre les « all the way » et « d’aller chercher une grosse win ».

Si nous voulons que nos jeunes sportifs parlent un bon français, ce n’est pas dans les vestiaires ou sur le terrain que ça va se passer. C’est une question d’éducation qui doit se faire à l’école et à travers les valeurs de la famille. Patrice Bergeron, qui a passé sa carrière à Boston, possède un français à rendre jaloux certains professeurs universitaires. Marc Denis avait déjà une aisance à s’exprimer bien avant de commencer sa deuxième carrière à RDS. Lui aussi a évolué majoritairement au pays de l’oncle Sam. Dans un environnement sain, le sport permet aux jeunes de comprendre l’esprit d’équipe et de développer des meneurs. C’est déjà beaucoup non ? Malheureusement, pour certains politiciens, c’est facile et payant de frapper sur le sport.

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