Économie

Temps de lecture : 2 min 28 s

La comptabilité verte, reflet d’une préoccupation environnementale grandissante

Le 27 mars 2024 — Modifié à 08 h 00 min le 27 mars 2024
Par Jean-François Desbiens

De plus en plus d’entreprises se tournent vers la comptabilité verte afin de souligner leurs efforts pour avoir le moins possible d’impacts sur l’environnement et sur la société.

C’est le reflet d’une préoccupation environnementale grandissante selon Daniel Tremblay, qui est professeur au Département des sciences économiques et administratives de l’UQAC.

« Il y a une prise de conscience qui se fait avec les changements climatiques, la notion de durabilité, la protection des écosystèmes et la biodiversité ainsi que la santé, l’éducation ou les inégalités. Elle amène des approches différentes, mais ce n’est pas nécessairement au niveau des états financiers. On cumule toutes sortes de données dans des rapports au niveau par exemple de la consommation d’énergie, des émissions de gaz à effet de serre ou de la production de déchets », mentionne- t-il.

L’enseignement précise que ces informations sont cependant principalement destinées aux investisseurs.

« Il y a maintenant beaucoup d’investisseurs institutionnels, de régime de retraite ou des banques qui en tiennent comptent dans leurs décisions. Est- ce que l’entreprise est soucieuse de son environnement et de ses employés, par exemple avec des pratiques de travail équitable, d’équité, de diversité, d’inclusion ou de sécurité des employés ? Les entreprises essaient aussi de divulguer des informations sur la gouvernance, la rémunération des dirigeants notamment. »

 Daniel Tremblay souligne que malheureusement, ces données sont souvent peu quantitatives et plutôt suggestives. Les entreprises sélectionnent elles-mêmes les informations qu’elles veulent divulguer.

« Il y a beaucoup de limites dans ces rapports. On a souvent l’impression que c’est un exercice de complaisance ou de marketing parce que ces entreprises se décrivent comme des champions ou des chefs de file. On a notamment vu des articles sur le gaspillage alimentaire de Couche- Tard, mais si on lit leur rapport, ils disent qu’ils sont bons. Il y a beaucoup de critiques sur le manque d’uniformité de ces informations. D’une entreprise à l’autre, c’est très variable et c‘est difficile de comparer. »

 

Des normes à définir

Traduire en chiffres l’impact des activités d’une entreprise sur l’environnement n’est pas simple, ajoute le spécialiste. C’est souvent basé sur des prévisions et des scénarios climatiques. Des normes restent donc encore à définir.

« Il existe des lignes directrices, des pratiques recommandées et des cadres de référence.

Il y a plusieurs organismes qui les ont fournis ces dernières années. L’ONU elle- même a développé 17 objectifs de développement durable. Mais ces cadres sont tellement différents qu’il faut maintenant essayer de les centraliser et de développer des normes. Elles devraient montrer théoriquement l’incidence des risques sur la situation financière. Dans un monde idéal, ces normes nous permettraient de mieux connaître les impacts au niveau du climat ou de l’humain. »

 Ces normes devraient être obligatoires au Canada sous peu selon l’enseignant, mais uniquement pour les entreprises cotées en bourse.

Les PME devraient échapper à cette réglementation à son avis, du moins pour le moment.

« Il faut des ressources importantes pour publier ces rapports et les utilisateurs des informations financières des PME sont beaucoup plus limités, souvent la banque et les actionnaires. Je ne vois pas comment on pourrait les obliger. Mais pour celles qui ont les moyens de le faire, ce serait avantageux. Ces PME Pourraient avoir une longueur d’avance, identifier des opportunités d’innovation et être plus compétitives. Il y aurait beaucoup d’avantages, même si ça ne se reflétait pas dans les bénéfices à court terme. »

Le Cahier EntrePreneurs est une initiative de Trium Médias, en collaboration avec le journal Les Affaires. Dans les éditions trimestrielles se trouvent des articles touchant directement les enjeux et défis du monde des affaires.

Pour consulter l’édition

 

Abonnez-vous à nos infolettres

CONSULTEZ NOS ARCHIVES