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Ventes de drogues: le crime organisé à la vie dure au Saguenay—Lac-Saint-Jean

Le 18 mars 2011 — Modifié à 00 h 00 min le 18 mars 2011
Par Karine Desrosiers

Avec les grandes frappes policières des dernières années au sein des bandes de motards criminalisées, le crime organisé est désorganisé dans la région. Cependant, il y a toujours un marché illicite de la drogue mais grâce à l’aide et aux informations de plus en plus pertinentes du public, les policiers de la Sûreté du Québec ne cessent de multiplier les frappes contre les revendeurs et petits producteurs de drogues. On compte quelque 40 interventions en quelques semaines seulement qui ont conduit à l’arrestation d’au moins 45 personnes.

La direction régionale de la Sûreté du Québec a fait aujourd’hui (vendredi), à Alma, le bilan des saisies de drogues depuis 2009 alors qu’à partir de ce moment, à la demande des différentes MRC, la lutte au trafic de drogue est devenue la priorité no 1 au sein de l’escouade.

Le Commandant du District Saguenay—Lac-Saint-Jean—Chibougamau-Chapais, l’Inspecteur-chef Luc Fillion, était accompagné de son Chef du module d’enquêtes régionales, le Capitaine Mario Bouchard, pour expliquer la façon de faire de la SQ dans tout le dossier de la drogue dans la région.

De toute évidence, la demande est encore très présente dans notre milieu, ce qui explique le grand nombre de personnes qui tentent de satisfaire cette demande, malgré les frappes répétées des policiers.

« On constate cependant un changement majeur depuis quelques années. Auparavant les drogues douces (marijuana, haschisch et dans une certaine mesure, la cocaïne) représentaient quelque 80 % de nos saisies. Aujourd’hui, les drogues de synthèse comme la méthamphétamine, l’ecstasy et autres représentent plus de 45 % des drogues saisies », précise le Capitaine Mario Bouchard.

À ce sujet, il livre les chiffres des saisies depuis 2009, moment ou la répression envers la vente de la drogue et la culture du cannabis est revenue au cœur des priorités d’intervention. Ce travail représente plus de 1000 dossiers qui ont permis l’arrestation de presque autant d’individus pour des infractions relatives à la possession et le trafic de différentes drogues illégales ainsi qu’à la production de marijuana.

On a ainsi saisi 16 kilogrammes de cocaïne, 150 kilogrammes de cannabis, 13 484 plants et boutures de cannabis ainsi que 45 216 pilules d’ecstasy, d’amphétamines ou autres drogues synthétiques.

Pression

Interrogé sur l’existence possible d’un laboratoire clandestin au Saguenay—Lac-Saint-Jean pour la production de ces drogues synthétiques, le Capitaine Bouchard ne dispose d’aucune information en ce sens.

Il confirme du même coup que le groupe de motard les « Hells Angels » contrôle encore en grande partie le trafic et l’importation de cette forme de drogue dans la région.

À cela s’ajoute tous les petits revendeurs qui s’insèrent dans le marché afin de répondre à la demande.

« L’objectif de la Sûreté du Québec est de réduire l’offre de stupéfiants aux jeunes et d’assurer la protection de leur milieu de vie afin de préserver leur avenir », rappelle l’Inspecteur-chef Luc Fillion.

Tout le travail policier se fait sous trois volets.

Il y a d’abord le programme d’intervention en milieu scolaire alors qu’une policière est spécifiquement rattachée aux écoles secondaires de la région pour y rencontrer les jeunes, donner des conférences et intervenir directement au besoin.

Le second volet est crucial. Il s’agit du lien de confiance que la Sûreté du Québec a développé avec le milieu. À travers les différents outils mis en place comme la centrale d’information criminelle ou la ligne Info-crime, la Sûreté du Québec reçoit de plus en plus d’information du grand public concernant des actes reliées soit au trafic ou à la culture du cannabis.

« À partir de ces informations et ce que nos patrouilleurs remarquent sur le terrain, on pousse l’enquête et ça donne d’excellents résultats, un peu comme la saisie que l’on a fait à Métabetchouan, il y a deux semaines », précise le Capitaine Bouchard.

Le volet répression demeure important car il faut réduire au minimum l’offre sur le marché noir. Dès que la police est au fait qu’une nouvelle tête apparait dans le réseau de la vente, elle est enquêtée immédiatement grâce aux ressources qui ont été dégagées à cet effet et la SQ essaie d’enrayer son travail de revente de drogues le plus rapidement possible.

Le Capitaine Bouchard estime qu’il n’y a pas plus de drogues qu’avant qui circule mais du côté policier, les moyens pour enrayer ce fléau sont plus importants afin de réduire la capacité de vente du monde criminel.

« Il ne faut jamais oublier que quand on s’attaque aux stupéfiants, on s’attaque directement au crime en général. Ça l’a un impact sur le niveau de la santé des jeunes, le décrochage scolaire et une baisse des vols par effraction commis par des jeunes qui veulent ainsi gagner quelques sous rapidement pour payer leur drogue », de conclure le Commandant Fillion.

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