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Miville Goulet, opérateur de surfaceuse: un travail solitaire et exigeant

Le 30 mars 2011 — Modifié à 00 h 00 min le 30 mars 2011
Par Karine Desrosiers

Quand les motoneigistes se baladent dans des sentiers aussi confortablement que sur une autoroute, ils oublient souvent que des opérateurs de surfaceuses ont passé des heures à préparer ces sentiers pour leur bon plaisir. Miville Goulet, opérateur de surfaceuse depuis deux ans pour le compte de l’Union des motoneigistes de Lac-St-Jean-Est, qualifie de solitaire et exigeant son métier qu’il adore par-dessus tout.

Le vendredi 18 mars dernier, après quelque 24 heures de belles chutes de neige, Miville Goulet accueillait le représentant du Journal Le Lac-St-Jean à bord de son tracteur pour une sortie de trois heures, histoire de goûter un peu à ce métier relativement unique d’opérateur de surfaceuse.

« De par ma nature, je suis un solitaire. Depuis que je suis petit, j’ai toujours aimé les machines et là, je suis gâté. Après quelques minutes de travail, j’entre dans ma bulle et je peux ainsi travailler pendant 12 à 15 heures pour préparer les sentiers. Quand on croise au hasard un motoneigiste et qu’il me lève sa main en l’air avec son pouce, ça veut dire qu’il apprécie le travail que l’on fait pour lui », lance Miville Goulet.

Dans la cabine du tracteur spécialement aménagé par l’entreprise Les Produits Gilbert inc. de Roberval, chef de file dans le surfaçage de sentier, on entre dans un petit monde qui met à l’épreuve la dextérité de l’opérateur et sa capacité à bien « saisir et sentir » les courbes et bosses du sentier de motoneige afin d’ajuster à la perfection la gratte qui fait le travail de surfaçage du sentier.

La surfaceuse Gilbert combine robustesse et souplesse. Ses deux larges chenilles de 28 pouces chacune lui confèrent une grande flottabilité dans la neige poudreuse avec une largeur totale de quelque 9 pieds et demie.

Cependant, côté confort, les vibrations sont constantes même si la cabine du conducteur est montée sur des amortisseurs. Pour comparer, au chapitre du bruit et des vibrations, ça ressemble à un char d’assaut, en plus confortable.

« Physiquement, c’est très exigeant. On doit regarder une fois en avant pour bien voir où on va et trois fois en arrière pour bien ajuster le degré d’inclinaison de la gratte. Ça demande une attention constante. Les premières sorties, on a le cou un peu raide à force de tourner la tête mais quand on est bien habitué, on ne le sent plus. Avec la sortie de ce soir, je vais dépasser les 560 heures de travail depuis le 19 décembre, date où il y a eu le déblocage du boycotte des sentiers de motoneige par les agriculteurs. C’est cette journée là que ma saison a commencée », rappelle Miville Goulet.

Tout en parlant avec entrain de son métier original, la main gauche tient fermement le volant alors que de la droite, il ajuste minutieusement à l’aide de manettes hydrauliques les différentes composantes de la gratte. La vitesse de croisière se situe entre 10 et 14 kilomètres à l’heure et le club compte quelque 240 kilomètres de sentiers à entretenir avec trois machines.

Si le tracteur se conduit de façon normale, il faut toujours bien tenir compte de la niveleuse arrière qui est complètement hydraulique et ajustable à différentes positions et à plusieurs degrés d’inclinaison.

Cette niveleuse fait 25 pieds de long avec son attelage au tracteur et pèse entre 4000 et 6000 livres, dépendant de la quantité de neige qu’elle récolte au passage pour la redistribuer de façon égale.

La largeur de la niveleuse est de 10 pieds et inclut, de chaque côté, deux grattes hydrauliques extensibles permettant d’aller chercher d’avantage de neige pour bien remplir trous et bosses. Le lisseur de piste se trouve sur la partie arrière et des roues hydrauliques permettent de soulever le tout d’un bloc pour traverser les routes.

« L’ensemble tracteur/niveleuse fait plus de 40 pieds. Ça ne tourne pas toujours comme on veut et ça ne recule pas aussi facilement que l’on pense », lance en riant Miville Goulet.

La grande majorité du temps, le travail de surfaçage se fait de nuit.

Exceptionnellement, le 18 mars dernier, Miville Goulet a amorcé son quart de travail à 18 h, lui permettant ainsi d’admirer un magnifique coucher de soleil sur les champs, entre St-Bruno et Alma. Puis, ce fut un lever de lune tout aussi magnifique, pleine, ronde et énorme, dans le secteur Alma.

« J’adore les soirs de pleine lune, j’aime la solitude du travail. De tant en temps on croise des animaux comme un coyote. Il m’est même arrivé l’an dernier de recueillir un motoneigiste en plein champ, à 3 heures du matin, presque gelé sur sa machine », commente Miville Goulet.

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