Le titre est un extrait d’un poème d’Émile Nelligan intitulé Soir d’hiver. C’est un poème plutôt sombre, mais de mon côté, j’ai le goût d’être optimiste et joyeux face à toute cette neige qui s’est accumulée depuis les trois dernières semaines. Cette année, la neige a décidé d’arriver avant son temps. Elle a débarqué comme un vieux mononcle malcommode à Noël: très tôt, mais finalement, on est bien contents de le voir…
Il y a des années qu’on n’avait pas observé un hiver si précoce, et moi, sérieux, ça me donne le goût à la fête. Pour moi, motoneigiste (surtout) et parfois skieur, patineur et raquetteur, l’hiver n’est jamais trop long. Et je me réjouis de pouvoir commencer à pratiquer mes sports hivernaux tôt cette saison. Réchauffement de la planète? En tout cas ça ne parait pas trop cet automne.
Cette année, l’hiver n’a pas attendu d’invitation officielle pour s’installer au Saguenay–Lac-Saint-Jean. La neige est tombée bien plus tôt que prévu, et pour tous les amateurs de sports d’hiver, c’est déjà le début de la saison. Les centres de ski sont pleinement opérationnels, les motoneigistes profitent des nombreux pieds tombés sur les Monts Valin. Quant à la raquette, c’est le sport le plus démocratique, on enfile nos semelles et on peut aller partout. Car pour plusieurs chez nous, l’hiver n’est pas une contrainte, c’est un mode de vie. Enfin, on peut sortir les skis, les raquettes, les skidoos… et notre bonne humeur.
Après des années où la neige se faisait souvent attendre, cette arrivée rapide représente un véritable cadeau pour les amateurs de plein air. Et chez moi, l’arbre de Noel est monté depuis déjà deux semaines, un record dans mon cas.
Cet hiver hâtif, c’est aussi un précieux coup de pouce à notre économie. Le tourisme hivernal est une bénédiction pour la région. Une saison prolongée signifie plus de visiteurs, plus de réservations, plus de restaurants qui tournent à plein régime, plus de stations de ski qui embauchent, plus d’activités pour les familles, et une vitalité qui se fait sentir jusque dans les plus petites municipalités.
Chaque motoneige qui sort du garage, chaque hébergement comblé, chaque forfait vendu, c’est de l’argent qui circule et qui fait vivre nos communautés. Rien que la motoneige rapporte 115 millions à chaque hiver en retombées économiques pour notre région. J’ai écrit l’an dernier dans cette colonne que les représentants de l’industrie touristique du Lac-Saint-Jean et du Saguenay devraient effectuer des efforts supplémentaires pour mieux vendre la motoneige dans notre secteur.
C’est tout simplement le plus bel endroit pour rouler, d’autant que les motoneigistes des régions de Lanaudière, de l’Estrie, de la Montérégie et du Centre-du-Québec ont passé leurs derniers hivers sur la pelouse. Pendant ce temps notre région a raffiné son offre. À preuve, un bijou encore méconnu, même de la part des motoneigistes du Saguenay, le circuit de la Passerelle du 49e, nommé aussi le sentier des passerelles, un tracé de 236 km au nord du Lac-Saint-Jean, avec sept passerelles pour traverser les rivières. On a l’impression d’être au bout du monde.
Et il y a un autre aspect, plus subtil mais tout aussi essentiel à l’arrivée de la neige : notre moral. C’est presque thérapeutique. Car il y a deux mois vraiment plates au Québec, novembre et avril. Les mois d’entre- deux-saisons. Avouez, y’a pas grand-chose à faire dehors. Mais dès les premiers flocons au sol, on a comme l’impression que la lumière revient, laissant le sombre derrière. Est-ce une simple impression ? Ou est-ce vraiment en raison du reflet des rayons du soleil sur la neige blanche ? En tout cas ça marche pour moi.
Je sais bien, tous ne sont pas amoureux de l’hiver et préfèrent le fuir. C’est ben correct. D’ailleurs, pour ceux que ça intéresse j’ai un petit condo à louer à Hallandale pour les prochains mois. D’habitude, il part comme un petit pain chaud, mais, c’est clair, pour le moment les Québécois boudent les États-Unis. Promis, je vous le fais pas cher… Bonne saison.