Économie

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Des pertes de plusieurs millions pour les hôtels

Le 03 juillet 2020 — Modifié à 13 h 50 min le 03 juillet 2020
Par Julien B. Gauthier

Les hôtels et les auberges paient chèrement le prix de la crise sanitaire et continueront de le payer au moins jusqu’à l’automne. Malgré le déconfinement, la baisse d’achalandage et les annulations ont causé des pertes d’une dizaine de millions de dollars pour l’industrie en région.

« J’ai encore des annulations pour les mois de septembre et d’octobre. Ce qu’on prévoyait avoir à l’automne, tels que les congrès, les événements caritatifs, c’est tout en train de disparaitre », affirme Olivier Fortin-Tremblay, président de l’Association Hôtellerie Saguenay-Lac-Saint-Jean et directeur du Delta à Jonquière.

Les chiffres sont particulièrement élevés puisque la pandémie est arrivée à des moments importants pour l’industrie hôtelière. Les mois de mars et d’avril sont considérés comme la saison des congrès et du tourisme de motoneige, avec un taux d’occupation avoisinant les 65 %.

Reprise progressive

Pendant le début du confinement, la clientèle était pratiquement inexistante. Le taux d’occupation était de moins de 5 %. Les clients étaient en majorité des travailleurs venus de l’extérieur pour rencontrer leurs clients.

« Au début, pendant les premières semaines de la crise, on tournait à un taux d’occupation de 3 à 4 %. Ensuite, ça a commencé à augmenter un peu quand ils ont commencé à débarrer le Parc des Laurentides. On a vu un peu plus de représentants de l’extérieur venir rencontrer leurs clients. Maintenant, avec la reprise graduelle du tourisme, à l’Hôtel Universel, nous sommes actuellement à un taux d’occupation de 40 % pour nos 72 chambres », explique le directeur Maxime Robitaille.

Du côté de l’Hôtel-Motel Les Cascades d’Alma, les pertes mensuelles sont estimées à 100 000 $. « On avait des mariages, des anniversaires, des congrès de motocyclistes et un paquet d’activités qui faisaient que ça louait beaucoup de chambres. Quatre ou cinq jours après le COVID, j’aurais normalement eu un brunch avec 675 réservations. Notre domaine est l’un des plus touchés. Ce qui est perdu, ça ne revient pas. Le brunch de la fête des Mères qu’on devait avoir, il est perdu », déplore le propriétaire Normand Bouchard.

Prévisions estivales

En temps normal, le taux d’occupation estival est de 90 % et plus. Cependant, les estimations de l’Association Hôtellerie Saguenay-Lac-Saint-Jean sont plutôt modestes. On croit qu’il sera possible de faire environ 25 % du chiffre d’affaires habituel dans la même période.

« Si on réussit à avoir 20-25 % de ce qu’on devait avoir, on va être chanceux. Habituellement, au mois d’août, je suis plein au bouchon. Actuellement, je suis vide au plancher », corrobore Normand Bouchard.

Les hôteliers fondent leurs espoirs sur l’intra-Québec

Olivier Fortin-Tremblay, président de l’Association Hôtellerie Saguenay-Lac-Saint-Jean, estime les pertes à une dizaine de millions de dollars pour l’industrie régionale. Il fonde maintenant ses espoirs sur le tourisme intra-Québec. (Photo : Trium Médias - Julien B. Gauthier)

Les hôteliers et aubergistes ont toutefois une lueur d’espoir. Les frontières étant fermées et les Québécois étant en soif de découvertes, les associations touristiques misent sur l’intra-Québec, ce qui pourrait aider les installations d’hébergement de recouvrir une partie des pertes.

« On va miser sur le tourisme intra-Québec et intra-Canada. Les hôtels vont mettre en place des forfaits pour aller chercher la famille québécoise », explique Olivier Fortin-Tremblay.

Comme les touristes internationaux représentent un bon pourcentage de la clientèle hôtelière, les touristes québécois, qui normalement auraient voyagé dans d’autres pays, pourront compenser une partie des pertes.

Les hôteliers ne se font toutefois pas d’illusion. À eux seuls, les Québécois et les Canadiens ne pourront pas remplacer tous les touristes internationaux.

« Pour le tourisme intra-Québec et intra-Canada, on pense avoir une bonne saison. Mais elle ne remplacera pas le tourisme international au complet. Au moins, si les gens du Québec voyagent dans leur Québec, ça va permettre aux entreprises locales, régionales et provinciales de survivre et passer à travers la crise », croit pour sa part Maxime Robitaille, directeur de l’Hôtel Universel.

L’avantage d’être une région « accueillante »

La réputation du Saguenay-Lac-Saint-Jean à l’échelle nationale pourrait également jouer en faveur de l’industrie, selon M. Fortin-Tremblay.

« Sans Fabuleuse, sans croisières, sans excursions aux baleines et sans festivals, c’est plus difficile. Mais au moins, on a une région qui est accueillante, magnifique. Quand on se promène dans les grands centres et dans les autres régions, le Saguenay-Lac-Saint-Jean a une réputation qui perdure depuis plusieurs années comme étant une destination de choix lorsqu’il est temps de choisir des vacances. On s’attend donc à avoir beaucoup d’intra-Québec ».

Engouement pour les établissements en villégiature

Cette réalité encore plus vraie pour les auberges qui se trouvent en secteur de villégiature et plus à l’écart des villes. C’est du moins ce qu’a constaté l’homme d’affaires Éric Larouche, qui possède trois établissements d’hébergement dans la région, dont l’Hôtel Chicoutimi, situé en plein cœur du centre-ville de Chicoutimi et l’Auberge des Îles à Saint-Gédéon.

« Sans être à la normale, la demande est plutôt bonne du côté des visiteurs québécois. Du 1er juillet jusqu’au 15 août, la demande est très intéressante pour l’auberge. La problématique se situe surtout dans les hôtels qui sont en ville. C’est plus difficile que la villégiature. Ce qui vient soutenir l’attractivité de la destination dans un hôtel urbain, c’est ce qui se passe comme les festivals. N’ayant plus de ça, les gens ont moins le goût d’y aller », explique-t-il.

 

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