Depuis un an, les faillites des entreprises et des particuliers ont chuté de 42 % au Québec comparativement à l’année précédente, malgré la plus vaste crise économique en 150 ans. Le portefeuille des Québécois ne se porte toutefois pas mieux, ces derniers ayant pu compter sur la clémence des créanciers et sur la générosité des programmes gouvernementaux.
Plus précisément, 13 496 faillites ont été déclarées de novembre 2019 à novembre 2020, comparativement à 21 711 de novembre 2019 à novembre 2018. À l’échelle canadienne, la tendance est sensiblement la même, avec une diminution de 41 % des faillites personnelles et d’entreprises depuis les 12 derniers mois.
Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, le syndic en insolvabilité Éric Morin a constaté une baisse de volume de 60 % des dossiers de faillites personnelles cette année.
« On pensait au début que ça allait être complètement fou au niveau des faillites. Ça a été le contraire. Le volume a chuté complètement. Même si on a recommencé à faire plus de dossiers à partir du mois d’août, ça n’a rien à voir avec les années précédentes », explique l’associé chez Raymond Chabot Grant Thornton.
Clémence
Cela ne veut toutefois pas dire que les finances des Québécois et des Canadiens se portent mieux. La Subvention salariale d'urgence du Canada (SSUC), permettant de financer jusqu’à 75 % des salaires, a notamment donné un bon coup de pouce aux entreprises.
« Sur le terrain, on a fait le saut de constater jusqu’à quel point les programmes comme la SSUC ont été généreux », ajoute-t-il.
Selon le fiscaliste Marc Lévesque, certaines faillites n’ont été que remises à plus tard.
« Toutes les procédures de recouvrement ont été mises sur la glace. Les entreprises qui étaient en problématique avant la crise risquent de le demeurer après. Cependant, elles ont gagné du sursis. Certaines pourraient profiter de l’aide et des périodes de délais pour changer leur modèle d’affaires et s’en sortir moins affectées après la crise », croit-il.
« Les institutions financières ne mettent pas nécessairement de pression pour l’instant. Elles sont tolérantes au risque. Ça fait en sorte que les faillites sont reportées à une autre échéance », ajoute pour sa part Éric Morin.
Mauvaises surprises
La période des déclarations d’impôt pourrait réserver de mauvaises surprises aux citoyens ayant bénéficié de Prestation canadienne d'urgence (PCU). Imposables, les prélèvements n’ont pas été retenus à la source.
« Il serait judicieux de se prémunir d’un budget en 2021. Si la faillite est envisagée, on encourage la population à rencontrer les syndics de faillite. On peut faire des propositions de consommateurs, prendre des arrangements avec les créanciers afin d’éviter le pire et permettre de garder ses biens », conclut le syndic Éric Morin.