Gervais Coulombe, directeur général de Tourisme Alma et fervent défenseur de la recherche d’une solution permanente à la problématique des sentiers de motoneige et de VTT sur les terres privées et publiques est estomaqué. En apprenant la décision de Ville Saguenay de compenser à hauteur de 200 000 $ par année les agriculteurs du secteur pour les sentiers de motoneige, Gervais Coulombe qualifie « d’art de diviser la région… avec toute les conséquences que ça va avoir. »
Lors d’un entretien à son bureau au lendemain de cette annonce très médiatisée, Gervais Coulombe cachait mal sa déception face à cet autre coup dur pour la solidarité régionale alors que le maire Jean Tremblay a une nouvelle fois agit seul dans le dossier, sans consulter personne tout en créant un précédent qui aura un impact sur l’ensemble de la province.
Le directeur général de Tourisme Alma Lac-St-Jean ne mâchait pas ses mots pour qualifier la façon d’agir du premier magistrat de Saguenay et surtout, son manque flagrant de consultation alors qu’aucun autre maire, ni la Conférence régionale des élus pas plus que l’Association touristique au Saguenay—Lac-Saint-Jean n’étaient au fait de cette démarche et de l’annonce faire mercredi.
Dans une mise en scène typique du maire de Saguenay, sur une ferme du secteur, Jean Tremblay a annoncé qu'une entente était intervenue avec les agriculteurs pour régler les droits de passage des sentiers de motoneige.
L'entente d'une durée de 3 ans a été conclue avec les propriétaires des terres utilisées à des fins récréotouristiques de la motoneige, qui sont en majorité des agriculteurs. Saguenay possède près de 500 kilomètres de sentiers de motoneige sur son territoire et près de 200 kilomètres seront touchés par cette entente. Cela représente un montant de 200 000 $ pour chacune des trois années de l'entente.
La compensation qui prévoit le versement d'un montant de 900 $ par kilomètre en moyenne, sera assumée par Promotion Saguenay à même un fonds dédié.
La prochaine saison de motoneige à Saguenay est maintenant assurée. L'accord va permettre aux motoneigistes d'accéder aux Monts-Valin à partir de la ville de Québec, ce qui constitue un apport économique majeur pendant la période hivernale alors que la pratique de la motoneige représente pour la région des retombées économiques de quelque 55 M $.
Dangereux précédent
Selon Gervais Coulombe, l’annonce de cette entente avec les agriculteurs de Saguenay représente un dangereux précédent car tous les autres agriculteurs de la région et d’ailleurs au Québec vont l’utiliser afin de réclamer le même traitement.
« Au départ, ça ne règle pas le dossier car ça concerne le secteur entre Québec et Saguenay. Qu’en est-t-il pour les autres régions comme la Mauricie, Chaudière-Appalaches ou la Montérégie ? Sur la moindre parcelle de terrain privé où passe un sentier de motoneige, les gens vont réclamer la même chose », lance Gervais Coulombe.
Il donne en exemple le secteur Lac-St-Jean-Est qui compte un peu plus de 500 kilomètres de sentiers dont quelque 75 % sot sur des terres privées. En faisant un calcul rapide de 400 kilomètres par 900 $ du kilomètre, on en arrive à une somme astronomique de 360 000 $ que les Clubs de motoneige n’ont pas.
« Au lieu de développer une stratégie régionale pour avoir l’air intelligent, on se fout de l’ATR qui dirige le dossier, on se fout de la CRÉ, on se fout des partenaires et on se fout de la région », de poursuivre Gervais Coulombe.
Ce dernier craint maintenant l’effet domino de cette décision sur le reste de la province et dans bien d’autres domaines comme les pistes de VTT par exemple.
Ce soir (jeudi) le Comité spécial mis sur pied pour trouver une solution permanente aux sentiers de motoneige et VTT avait déjà prévu une réunion de travail pour discuter de la prochaine saison, des droits de passage et des projets d’amélioration des sentiers via le programme de subvention Volet II.
« C’est certain que notre agenda va être bousculé avec cette annonce et que les gens vont vouloir s’exprimer sur la question et analyser les conséquences à court et long terme » de conclure Gervais Coulombe.