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Les élus de la MRC confrontés au vieillissement de la population

Le 25 octobre 2012 — Modifié à 00 h 00 min le 25 octobre 2012
Par Karine Desrosiers

« Ce n’est pas un problème, une société qui vieillit, c’est un phénomène social et il faut s’y préparer », a lancé en guise de conclusion Patrice St-Pierre, directeur général de la FADOQ Saguenay—Lac-Saint-Jean. Il s’adressait alors, mercredi soir, en séance plénier, aux représentants de la MRC Lac-St-Jean-Est pour leur dresser un portrait très précis des conséquences du vieillissement de la population d’ici 2031 dans la région et sur le territoire plus précis des 14 municipalités de la MRC.

Cette démarche s’inscrit dans toute une démarche orchestrée depuis plusieurs mois et qui devrait déboucher en janvier prochain sur la tenue d’un grand forum régional où cette question du vieillissement sera l’enjeu avec des prises de décisions très fermes sur les gestes à poser au cours des prochaines années.

On se souviendra qu’en juin dernier, le Réseau FADOQ, Région Saguenay—Lac-Saint-Jean—Ungava dévoilait les résultats du portrait sur le vieillissement de la population de la région, première étape d’un important Chantier sur le vieillissement.

Préoccupé depuis plusieurs années par les impacts qui sont et seront engendrés par le phénomène du vieillissement, le Réseau FADOQ a initié ce chantier en trois étapes visant à mettre en oeuvre une stratégie d’action pour faire face au vieillissement.

Cet ouvrage comporte plusieurs statistiques sur les différents aspects de la population vieillissante, tant au niveau de la santé, des loisirs, du logement, du transport ou du travail et de la retraite des personnes de 50 ans et plus de la région.

La seconde étape consiste à diffuser le plus largement ces informations aux acteurs politiques, socio-économiques, aux intervenants, aux organismes communautaires et autres, pour expliquer en détail la manière dont le vieillissement se traduit actuellement dans la région et se traduira ultérieurement.

Pour les besoins de la présentation en fonction des différents territoires géographiques où l’on retrouve des variantes — milieu rural et milieu urbain par exemple — une présentation plus ciblée a été préparée, comme celle présentée ce mercredi aux élus de Lac-St-Jean-Est.

La réalisation de ces deux premières étapes permettra de faire culminer la démarche vers un important forum qui se tiendra très probablement le 11 janvier prochain où l’on décidera des actions concertées face au virage démographique lié au vieillissement de la population.

Impacts locaux

Naturellement, les municipalités sont aux premières loges face à ce phénomène de société qui devra inévitablement amener des changements dans l’organisation municipale et les différents services dispensés à la communauté.

« D’ici 2031, soit dans moins de 20 ans, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, une maison sur deux sera occupée par des gens de 65 ans et plus. En raison des séparations et des divorces, le nombre d’unités de logement sera en augmentation jusqu’en 2024, après quoi, il y aura un solide déclin. Fini les nouveaux quartiers dans les municipalités et quoi faire avec les unités d’habitation qui ne trouvent pas preneur alors que ce sera un marché de vendeurs au lieu d’un marché d’acheteurs ? », a notamment questionné Patrice St-Pierre.

Dans le cadre d’une présentation de quelque 30 minutes, le portrait général fait état de ce changement démographique qui entraînera toute une série de bouleversements en terme de besoins de santé, de services, d’infrastructures, etc…

Notamment, lors du recensement de 2006, on dénombrait 13 500 ménages de personnes de 75 ans et plus. Avec l’espérance de vie de plus en plus long, en 2031, il y aura une véritable explosion et ils seront plus de 29 000, avec des besoins spécifiques et à qui on devra donner des services appropriés.

« Allez-vous vous assurer que ces chiffres vont être présentés à nos nouveaux élus car c’est eux qui ont l’argent et qui décident », a notamment commenté Daniel Perron, maire de Labrecque et qui milite depuis plusieurs années pour que l’on prenne davantage soin de nos aînés.

La Conférence régionale des élus de même que la Table de concertation des aînés sont parties prenantes de toute cette démarche et il est assuré que les élus, tant au fédéral qu’au provincial, seront sensibilisés à toutes ces problématiques.

Des particularités régionales

Le portrait du vieillissement de la population dans la région est un ouvrage de 200 pages pour documenter l’évolution démographique, mettre en relief des spécificités régionales ainsi que certaines réalités propres aux MRC ou aux territoires équivalents.

On y trouve différentes facettes du vieillissement tel que l’état de santé, le niveau de soutien social et les revenus. Il démontre également comment ce phénomène interpelle les institutions et l’ensemble de la communauté régionale dans les domaines de l’habitation, du travail et de la retraite, des déplacements, des loisirs et du bénévolat.

Près de 200 documents ont été consultés pour sa réalisation.

En 2006, la région comptait 40 900 personnes de 65 ans et plus. Il y en avait en 2011, 7300 de plus, soit 48 180.

Le vieillissement de la population est plus accéléré dans la région, le nombre des 65 ans et plus ayant augmenté de 17,80 % comparativement à 16,42 % dans l’ensemble du Québec entre 2006 et 2011, selon le tout dernier recensement de Statistique Canada.

L’Institut de la Statistique du Québec prévoit que la part des 65 ans et plus dans la région se chiffrera à 30 % en 2026 (23 % pour l’ensemble du Québec).

Le nombre de ménages (groupe de personnes habitant un même logis) dont les membres ont 75 ans et plus devrait plus que doubler d’ici 2031 pour se chiffrer 29 000 dans la région. Faut-il le souligner, les personnes de ce groupe d’âge connaissent certaines pertes de capacités et une détérioration de leur état de santé.

Le vieillissement ne se manifeste pas de la même manière sur l’ensemble du territoire régional.

Si Saguenay et les environs semblent connaître une situation moins inquiétante, certains territoires ruraux tels que le secteur nord du Lac-Saint-Jean et le Bas-Saguenay Sud comptent de fortes proportions d’aînés dans leur population totale.

Quatre femmes de 65 ans et plus sur 10 vivent seules dans la région, ce qui dénote une facette de la faiblesse de leur soutien social.

La situation des hommes vivant seuls est toute autre puisqu’ils sont 8,3 % dans la région comparativement à 19 % dans l’ensemble du Québec. Les femmes âgées de 65 ans et plus vivent dans la pauvreté, du moins si on les compare aux hommes: en 2004, le revenu des femmes (toutes sources) était de 64 % de celui des hommes du même groupe d’âge.

La région se distingue par une proportion plus élevée de propriétaires de leur logis, comparativement à l’ensemble du Québec. Le phénomène se mesure également auprès des 75 ans et plus puisqu’en 2004, 54 % d’entre eux étaient toujours propriétaires (66,2 % pour l’ensemble de la population). Cela constitue une preuve éloquente du désir de vivre dans son milieu de vie le plus longtemps possible.

Or, les aînés de la région qui songent à s’établir dans une résidence privée pour personnes âgées n’ont pas la même étendue d’opportunités: en proportion de la population totale, ces logements sont plus nombreux dans les MRC Maria Chapdelaine et Lac-Saint-Jean Est. Chicoutimi et Jonquière se situent dans la moyenne régionale alors que La Baie et le Bas-Saguenay Sud est le territoire le moins bien doté. Cette situation pourrait engendrer un déracinement de plusieurs aînés forcés de quitter leur village ou leur quartier pour trouver un logis mieux adapté à leur condition.

Le taux d’activité connaît une chute marquée au tourna nt des 65 ans, tant dans la région qu’au Québec, mais les tendances changent. La part des travailleurs âgés au Québec est en croissance, particulièrement depuis le début des années 2000; celle-ci est passée de 30 % à 40 % pour le seul groupe des 65 à 69 ans entre 2000 et 2008. Mais, le taux d’emploi, tant pour les femmes que les hommes âgés, était nettement inférieur dans la région en 2006.

S’il faut reconnaître qu’une majorité de travailleurs prennent leur retraite parce que leur situation leur permet (revenus de pension, nombre suffisant d’années au travail), 7 % le font pour venir en aide à un proche malade, ce qui traduit une facette du nombre important de ceux que l’on nomme les proches aidants. L’âge moyen de la retraite était de 64,8 ans en 2009 au Québec, environ un an de moins que dans l’ensemble du Canada.

La très grande majorité des personnes aînées qui ne conduisent pas de véhicule comptent sur l’aide d’un proche pour assurer leurs déplacements: il y a là tout un réseau d’aide naturelle qui s’active ainsi.

Notons que le transport en commun ne constitue aucunement une alternative pour les aînés. On observe également que les femmes, les plus pauvres et ceux vivant en milieux ruraux sont les aînés les plus dépendants de l’automobile.

Les aînés s’adonnent principalement à la marche et à la randonnée pédestre comme principaux loisirs. Ils sont physiquement actifs et ce, à un niveau égal à celui qu’ils s’étaient fixé, comparativement aux 65 ans et moins qui se disent insatisfaits de leur niveau d’activité physique. Il s’agit là d’un indice annonciateur d’une bonne santé.

Les aînés sont de plus en plus férus d’Internet: un peu plus d’un Québécois âgé de 55 ans et plus sur deux (54 %) utilisait régulièrement l’Internet en 2010 et ce, majoritairement pour communiquer avec le courrier électronique ou pour s’informer.

S’il est vrai que les aînés canadiens sont moins nombreux (36%) que les jeunes de 15 à 24 ans (58 %) à faire du bénévolat, toujours est-il qu’ils y consacrent plus de temps (218 heures par année comparativement aux plus jeunes à 138 heures).

Cette recherche a également permis de défaire quelques mythes, dont celui prônant que la croissance des coûts de santé au Canada (7,4 % en moyenne par année entre 1998 et 2008) serait attribuable au vieillissement de la population. Le vieillissement ne compterait que pour un faible 0,8 % de la croissance des coûts selon l’Institut Canadien d’Information sur la Santé.

Présenté sous la forme d’un livre, cet ouvrage a été réalisé par Paul Girard de la firme Polarisation a qui le Réseau FADOQ avait confié le mandat. Il est maintenant disponible au bureau du Réseau FADOQ, Région Saguenay—Lac-Saint-Jean—Ungava.

Une version électronique peut aussi être téléchargée au www.fadoqsaglac.com.

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