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Procès Jean-François Morency: la Couronne réclame 36 mois fermes et la Défense, une sentence à purger dans la communauté

Le 01 mars 2012 — Modifié à 00 h 00 min le 01 mars 2012
Par Karine Desrosiers

Le juge Alain Morand de la Cour du Québec quitte le Palais de justice d’Alma avec une montagne de documents représentant quelque quatre ans de procédures judiciaires dans le dossier de Jean-François Morency, ex-procureur de la couronne aux poursuites judiciaires et pénales dans le district d’Alma. Il reviendra en Cour le 8 juin prochain afin de prononcer sa sentence finale en regard de deux accusations d’abus de confiance et une accusation de corruption. La Couronne réclame une peine de 36 mois de détention ferme alors que la Défense demande une sentence de deux ans moins un jour avec sursis, ce qui représente une sentence à purger dans la communauté.

Le procès de Jean-François Morency, ex-procureur de la couronne aux poursuites judiciaires et pénales dans le district d’Alma, reprenait ce matin au Palais de justice d’Alma avec les représentations sur sentence.

Me Fradette en défense a appelé trois témoins à la barre. Une fois leurs témoignages livrés, l’avocat de la Couronne, Me Jean-François Tessier, n’a pas cru bon de contre interroger ces témoins.

Me Tessier a signifié au juge Morand qu’il en aurait pour quelque 30 minutes lors de la reprise de l’audience, à compter de 14 h.

Chargé de projet

Directeur général de l’entreprise Secto de St-Bruno qui embauche Jean-François Morency depuis juillet 2009, Raymond Bouchard, un consultant spécialisé dans le domaine des PME est venu témoigner de la qualité du travail de JF Morency à titre de chargé de projet au sein de l’entreprise.

Notamment, il agit présentement comme responsable d’un important dossier avec la Base militaire de Bagotville et s’acquitte à la perfection de sa tâche.

Avec un chiffre d’affaires de 30 M $ par année, l’entreprise Secto est étroitement associée au Plan Nord alors que l’entreprise réalise de nombreux mandats sur la Côte-Nord.

Notamment, on apprécie les talents et les connaissances de Jean-François Morency dans le domaine du droit, en outre, au point où on l’a invité récemment à poser sa candidature pour devenir directeur des ressources humaines de l’entreprise.

Cependant, ce poste est en suspend en attendant le déroulement dans le dossier de Jean-François Morency.

Raymond Bouchard a déjà eu à encadrer une personne dans un dossier de sentence dans la communauté et lui et son entreprise sont tout disposés à encadrer Jean-François Morency dans un tel processus, si jamais une telle sentence lui est décernée.

« Je ne partage pas ce qu’il a fait, mais ça ne dérange pas le travail qu’il fait dans l’entreprise », a résumé clairement Raymond Bouchard.

Qu’est-ce qui s’est passé ?

Me Jean Morency, le père de Jean-François Morency, est venu pour sa part livrer un vibrant témoignage sur l’évolution de son fils depuis les événements de 2008.

Ce n’est pas l’ancien juge de la Cour municipale à la retraite qui parlait, mais bien le père qui encore aujourd’hui se demande encore ce qui a bien pu se passer pour que les choses tournent ainsi.

« je n’ai pas encore de réponse à cette question au moment où je vous parle », a-t-il lancé au juge Morand.

Cependant, toute la famille s’est rangée derrière le fils pour l’aider, l’accompagner, l’encourager et faire en sorte qu’il reprenne goût à la vie.

« Jean-François a posé un geste comme officier de justice que je ne pouvais pas cautionner… Père un jour, père toujours… mais pas aveugle. Je n’étais pas d’accord, mais j’étais son père. J’avais le choix entre le laisser tomber ou l’appuyer dans sa démarche de réhabilitation », a lancé Jean Morency avec émotion.

Ce dernier précise qu’il n’a jamais forcé son fils à devenir avocat et à choisir la Couronne.

« Peut-être que procureur de la Couronne, ce n’était pas tout à fait l’habit qui lui convenait… Il était peut-être trop émotif, trop amical. Il s’est fait piéger ou s’est piégé lui-même », laisse-t-il tomber.

Jean Morency soutient que cette épreuve a été difficile, avec des jours d'enfer, mais que la famille s’est soudée.

Naturellement, advenant une sentence dans la communauté, Me Jean Morency en connait très bien toutes les conséquences et les restrictions qui y sont associées et il s’est engagé à être là pour aider et soutenir son fils, le cas échéant.

Une niaiserie

Jean-François Morency a immédiatement suivi son père dans la boîte des témoins afin d’apporter quelques informations additionnelles sur ce qu’il vit depuis quatre ans et vers où s’en va sa vie future.

Tantôt serein dans son témoignage, tantôt très émotif, réussissant difficilement à cacher les sanglots dans sa voix, Jean-François Morency a fait la démonstration qu’il a comme fait une croix sur la pratique du droit, mais que ses connaissances juridiques lui seraient très utiles dans une nouvelle fonction comme celle de directeur des ressources humaines pour l’entreprise Secto.

Réitérant ses excuses auprès du public et des membres du Barreau et du milieu juridique, Jean-François Morency exprime que lui-même ne sait toujours pas ce qui s’est passé et se l’explique mal encore aujourd’hui.

Il n’a pas quitté la région par choix : « Ça fait partie de ma thérapie d’avoir affronté la population depuis quatre ans », avoue-t-il.

À la toute fin de son témoignage, il a qualifié de « niaiseries » ce qu’il a fait, point immédiatement relevé par la Couronne qui devrait sans doute y revenir lors du contrinterrogatoire de cet après-midi.

Abordant avec sérénité la question d’une sentence dans la communauté et bien au fait ce tout ce que cela implique comme restrictions, Jean-François Morency a lancé au juge Morand : « Je veux conserver ma job, je veux conserver mon gang de hockey, je veux conserver ma famille. »

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