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À St-Henri-de-Taillon: poliement, les citoyens passent «radicalement» leur message »

Le 27 novembre 2013 — Modifié à 00 h 00 min le 27 novembre 2013
Par Karine Desrosiers

« Je ne sais pas si vous avez le feeling de la colère qu'il y a ici ce soir ! » ou encore « En haut de 16 pieds, ouvrez les pelles ! » Juste ces deux petites phrases résument à elles seules la teneur des propos que quelque 150 citoyens ont tenus, ce mardi soir, à St-Henri-de-Taillon, dans le cadre d'une rencontre avec des représentants du Programme de stabilisation des berges du Lac-Saint-Jean. Sur un ton poli, à peine teinté d'agressivité, de nombreux citoyens ont exprimé « radicalement » leur ras-le-bol de la situation et demandent à Rio Tinto Alcan de modifier immédiatement le mode de gestion en automne pour éviter des bris comme ceux que l'on connaît depuis deux semaines.

Notamment, l'ancien maire de Ville d'Alma, Gérald Scullion a fait une sortie fort remarquée et appréciée en qualifiant « d'insulte aux citoyens » le fait que le directeur d'Énergie électrique, Jean-François Gauthier, n'ait même pas pris la peine de se déplacer pour venir rencontrer les citoyens et écouter leurs doléances.

Il avait délégué pour cette rencontre Bruno Larouche, chef du service hydrique; Caroline Jolette, chargée de projet; Richard Dallaire, responsable des relations avec les citoyens et Sara Gaudreault, responsable des communications pour Énergie électrique. Dans la salle, on retrouvait également Claudine Gagnon, conseillère principale/relations médias.

L'agenda de la rencontre, prévue depuis quelques jours déjà, a cependant complètement été changé. Au lieu que les représentants de RTA fassent une présentation sur le programme de stabilisation des berges et les travaux à venir, la rencontre s'est vite transformée en séance de défoulement, sur un ton poli, mais avec des intervenants argumentés et surtout, décidés à faire entendre bonne raison à la multinationale.

Serge Tremblay, président de l'Association des propriétaires de chalets de Pointe Wilson, a d'abord ouvert le bal en rappelant que le secteur Wilson, avec ses plages, est un joyau du lac Saint-Jean et que pour les protéger, les résidents du secteur ont suivi à la lettre les recommandations du BAPE dans le rapport de 1986.

« Aujourd'hui, nos berges ont été sérieusement érodées, effaçant en moins de 15 jours plus de 50 ans d'efforts soutenus de la part de nos riverains pour la protection de ces berges, parce que le niveau du lac a été haussé consciemment à son maximum par la division Énergie électrique de RTA, comme l'automne passé, effet accentué par les grands vents d'automne prévisibles et connus », a lancé le président Tremblay.

Au nom de son association, il réclame par écrit la confirmation que le niveau du lac sera maintenu plus bas pour ne pas éroder les berges, tant que la bande riveraine ne sera pas prise par la glace.

Également, le département de stabilisation des berges devra faire parvenir à l'Association leurs suggestions des correctifs des dommages encourus aux berges et talus.

Un comité spécial va être formé pour étudier ces propositions et les amener en assemblée générale.

Consternation

Pendant les quelque 90 minutes suivantes, les résidents du secteur ont pris la parole pour exprimer leur colère.

Un premier citoyen a rappelé que depuis 2008, année où Rio Tinto est entré dans le décor, on a échappé trois fois le lac (2008, 2012 et 2013) alors qu'Alcan, anciennement, ne l'avait échappé qu'une seule fois, soit en 1994.

Un autre citoyen a qualifié avec dérision le directeur d'Énergie électrique, Jean-François Gauthier de « Monsieur Gaspillage » car ce dernier ne cesse de mentionner qu'il n'a pas l'intention de perdre une seule goutte d'eau pour assurer le turbinage maximum. « Dans la gestion du lac, vous avez totalement échoué », a-t-il conclut son propos.

Et un autre jeune résident du secteur a lancé: « C'est pas une question de dollars, c'est des souvenirs avec nos enfants, vous êtes en train de briser notre héritage », a il lancé à la face des représentants de la compagnie qui se réfugiaient derrière le mode de gestion du lac pour justifier la situation.

De toute évidence, les gens ont rapidement réalisé que les quatre représentants de la compagnie font partie d'un groupe dont le mandat est de s'assurer de réparer les dégâts après coup, mais qu'ils ne sont pas décisionnels sur le niveau du lac et son maintien à un haut niveau pour maximiser la production d'électricité.

La discussion s'est poursuivie ainsi pendant de longues minutes.

Reprenant la parole, Gérald Scullion a sans doute bien résumé la situation et vers où le dossier devra se diriger pour obtenir des réponses.

« Pourquoi M. Gauthier n'est pas ici pour entendre la colère et la justesse des propos que vous ont dit ces gens-là. J'espère que vous avez pris des notes. Là, ils sont juste choqués, mais tout à l'heure, ils vont être bien plus que cela. Maintenant, je m'adresse à vous autres. On a des élus dans les MRC, j'ai été maire d'Alma et je sais de quoi ça parle quand la population brasse, les élus se revirent de bord. On a des bons élus qui siègent à Québec, les Trottier, les Cloutier, faisons leur confiance. Cette fois-ci, la colère est grande, il faudrait que la solution soit aussi intelligente », a lancé Gérald Scullion.

Après plus de 90 minutes, la réunion s'est terminée en queue de poisson au moment ou un citoyen a demandé aux représentants de RTA qu'elles étaient les solutions proposées, ce à quoi, la chargée de projet a simplement répondu: « des solutions pourquoi… »

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