L’année 2021 a été impitoyable pour les producteurs de bleuets sauvages de la région, qui de peine et de misère, n’ont seulement pu récolter que 30 à 35% du volume espéré.
Pour Daniel Gobeil, président du Syndicat des producteurs de bleuets, il s’agit en effet d’une « très mauvaise récolte ».
Ses propres activités de producteur en témoignent. En 2016, ses bleuetières de La Doré et Saint-Thomas-Didyme lui avaient permis de récolter 213 000 livres, un volume qui a drastiquement diminué en 2021.
« Cette année, j’ai fait 16 000 livres sur exactement la même superficie de production. »
Déçu, il admet que certains signaux laissaient présager de maigres récoltes. À la sortie de l’hiver, la floraison précoce des plants de bleuets causée par les chaleurs hâtives a été brusquement interrompue par une chute des températures vers la fin du printemps. S’en est suivi une période de sécheresse en juin et en juillet, ce qui a asséné le coup fatal.
« La sécheresse s’est faite de façon aléatoire autour du lac, mais chose sûre, c’est que le nord a été affecté plus gravement », nuance Mario Buissières, directeur général de Bleuets Mistassini.
Néanmoins, ce dernier rappelle que c’est justement au nord qu’environ 65% de la production régionale se concentre, soit principalement dans la MRC de Maria-Chapdelaine.
La fin d’un cycle?
Au Québec, environ 95 millions de livres de bleuets ont été récoltés l’an passé. Bien que les chiffres officiels n’aient pas encore été divulgués, on s’attend à ce que soit facilement deux fois moins cette année, selon Jean-Pierre Senneville, président de Bleuets sauvages du Québec.
« Normalement, ces faibles récoltes-là se produisent tous les 11-12 ans », ajoute-t-il, en faisant référence aux mauvaises récoltes de 1986, 1998, et de 2010.
Par ailleurs, il est à prévoir que les faibles récoltes se répercutent dans les prix au détail.
« La demande a toujours été supérieure à l’offre, mais là, elle va l’être beaucoup, beaucoup, beaucoup », ce qui risque de faire grimper les prix, indique Daniel Gobeil.
Indemnisations
Daniel Gobeil signale qu’afin d’éviter les faillites, le manque à gagner engendré par les faibles récoltes sera partiellement comblé par la Financière agricole du Québec. Pour calculer les indemnisations, on fait une moyenne des cinq dernières années en excluant la meilleure et la pire. Un montant équivalent à 80% des coûts de production, évalués à 0,35$/lb, est ensuite versé aux producteurs.