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Le gel hivernal a créé une véritable catastrophe dans les champs de la région

Le 23 mai 2013 — Modifié à 00 h 00 min le 23 mai 2013
Par Karine Desrosiers

Après un hiver en dents de scie et surtout, un épisode de chaleurs et de pluie en janvier dernier qui ont fait fondre la neige recouvrant les champs des agriculteurs, ces derniers se retrouvent dans une situation catastrophique alors que certains champs de fourrage sont détruits à 100 %. L'Union des producteurs agricoles du Saguenay—Lac-Saint-Jean implore la Financière agricole d'intervenir rapidement afin de soutenir les agriculteurs qui devront débourser des centaines de milliers de dollars pour trouver des solutions de remplacement afin de pouvoir nourrir leur animaux l'hiver prochain.

La direction de l'UPA avait ainsi donné rendez-vous aux médias à la Ferme Sylvain Boily du 3e rang à St-Bruno, une ferme type qui se retrouve au cœur de la plaine d'Hébertville et de Métabetchouan qui est le secteur le plus touché de la région.

On retrouve quelque 508 fermes produisant des fourragères dans la région. Dans Lac-St-Jean-Est, déjà 54 % des agriculteurs ont signifié un avis de dommages à la Financière agricole contre 22 % à Saguenay et quelque 40 % dans le Haut-du-Lac.

« Avec l’arrivée de l’été et la période des semences qui s’installe, les producteurs agricoles de la région sont davantage en mesure d’évaluer l’effet du gel sur les prairies de l’hiver dernier. Le froid intense sur des sols dénudés, dû à un manque de couverture de neige, a eu raison de la majorité des luzernières de la région. Tous les secteurs sont à peu près affectés, parfois de façon inégale, mais on observe l’effet du gel un peu partout », soutient Yvon Simard, président régional de l'UPA.

Ses propos sont soutenus par Éric Girard, agronome chez Nutrinor et qui a visité la presque totalité des fermes de la MRC Lac-St-Jean-Est ces dernières semaines.

Il constate que dépendant des endroits, les dommages vont de 30 % à 100 %, dépendant des champs.

« La plaine d'Hébertville et de Métabetchouan est très touchée alors que les pertes sont en moyenne de 60 % à 70 %. Dans le secteur de St-Cœur-de-Marie, on parle de 50 % », affirme l'agronome qui n'a jamais rien vue de tel dans toute sa carrière ni même chez ses collègues.

À la Financière agricole, les avis de dommages se multiplient, mais le président de l'UPA doute de la bonne volonté de l'organisme de réagir rapidement à la situation dramatique.

« Les producteurs agricoles ne disposent que d’une couverture collective et les dommages sont captés en principe par un système de dérivés climatiques nouvellement implanté et qui selon les expériences passées en région et ailleurs au Québec, n’a pas prouvé son efficacité. À titre d’exemple, la région Outaouais-Laurentides , touchée par une sécheresse sans précédent à l’été 2012, a eu peine à obtenir les compensations nécessaires pour faire les achats de fourrages dans les autres régions du Québec afin de subvenir aux besoins de leurs troupeaux », soulève Yvon Simard.

Les producteurs de la région espèrent notamment qu’avec une évaluation rapide de la situation régionale et un suivi pointu des avis de dommages rapportés à la Financière agricole, que le programme sera en mesure de réagir à la hauteur des préjudices observés.

Cependant, le régime étant collectif, chaque producteur recevrait alors le même montant, peu importe l'importance des dommages sur sa propre ferme. Dépendant des dommages, ces dépensent vont de quelques milliers à quelques dizaines de milliers de dollars.

Conséquences dramatiques

Pour plusieurs producteurs de la région, le risque est cependant trop grand. Si on en juge par l’augmentation des ventes de grains de semence auprès des fournisseurs de la région qu’on évalue à 40 % de plus que les autres années, ces producteurs ont décidés de réensemencer leurs champs.

Ce choix de gestion des entreprises a cependant des conséquences importantes en termes de coûts. En plus de l’achat de semences, il faut ajouter les coûts du pétrole et de la main d’œuvre reliés aux travaux supplémentaires de labour, d’hersage et d’ensemencement.

Également, encore plus dramatique, ces champs qui ont été semés auront un très faible rendement cette année, d’où le manque de nourriture pour les animaux à l'hiver prochain.

Naturellement, la rareté du foin aura un impact majeur sur le prix des balles rondes qui seront achetées à gros prix en plus des frais de transport pour les acheminer dans la région. Naturellement, ce sera dans la mesure ou un tel foin sera disponible sur le marché, ce qui est loin d'être certain.

En attendant, les producteurs se rabattent sur certaines semences comme le maïs d'ensilage et le blé pour espérer des rendements en volume et en qualité pour suffire à leurs besoins.

Les conséquences de ce gel hivernal de janvier 2013 devraient avoir des effets sur les rendements pour au moins deux à trois ans.

« Je souhaite pour la saison qui s’annonce, que Dame Nature soit de notre côté. Heureusement, une période de quelques jours sans pluie annoncée devrait permettre aux producteurs de la région de terminer leur semence. Cependant, les résultats du système de dérives climatiques qui ne seront connus qu’en décembre prochain, seront déterminants pour la santé économique de nos producteurs », de conclure Yvon Simard.

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