Nous vous proposons à nouveau dans cette édition du Réveil une entrevue avec une personnalité de la région. L’idée est d’aller un peu plus loin sur ce que l’on connaît de cette personne. Cette semaine, le producteur de Québec Issime Robert Doré a accepté de répondre à nos questions dans l’ancienne église Saint-Jacques à Jonquière qu’il transformée en salle de spectacles.
Malgré vos 72 ans, vous semblez infatigable et vous dites que vous n’envisagez pas la retraite. Pourquoi?
Quand tu te retrouves dans des salles de spectacles qui sont pleines et que les gens sont debout pour applaudir alors que mes enfants sont sur scène? Non, je ne vais pas arrêter. Il y a peut-être certaines facettes du spectacle de Québec Issime que je pourrais déléguer, mais je ne pourrais jamais me passer d’apprécier des spectacles et de voir ce que j’ai permis à mon équipe de création ou mes enfants de vivre. Québec Issime a 28 ans. Ça avait commencé avec les jeunes et mes enfants sont devenus des musiciens parce que ma conjointe Carmen s’en est occupée. Elle a toujours été là. Elle s’est occupée de la billetterie. Je ne sais pas ce que j’aurais fait si je ne l’avais pas eue. Ça fait 53 ans qu’elle m’endure.
Êtes-vous un gars natif de la région?
Oui, je suis un gars de Métabetchouan au Lac-Saint-Jean. Je suis un vrai bleuet! J’y ai passé mon enfance et mon adolescence. Quand j’étais jeune, vers 14 ou 15 ans, j’étais trompettiste et chanteur. On avait un groupe qui faisait des spectacles dans des hôtels un peu partout autour du lac. J’ai arrêté il y a une trentaine d’années. On s’est marié là et on a eu des enfants là. On y est resté avec les trois enfants jusqu’en 1982. On a par la suite déménagé à Shipshaw parce que j’avais commencé avec à travailler avec GD Musique et Guy Desmeules comme représentant commercial. Ç’a permit aux enfants d’avoir accès au conservatoire de musique. J’ai ensuite appris le métier de producteur.
Pour passer de représentant à promoteur, vous avez cependant tout misé, y compris votre maison, non?
Je l’ai fait plusieurs fois quand les besoins se faisaient sentir. On n’hésitait pas. Ça n’a jamais été un souci pour moi. On l’utilisait. Le banquier disait OK quand je mettais ma maison en garantie. Je pense que mon ignorance a permis à tout ça d’exister. Quand on y pense, Québec Issime, ça n’avait pas de bon sens! Les premiers spectacles qu’on a faits, je me souviens que le président de la Guilde des musiciens à Québec à l’époque m’avait dit qu’il y avait trop de musiciens, de chanteurs et de danseurs. On n’était pas là pour faire de l’argent, mais des spectacles et tripper. On a vécu des émotions qu’on souhaite à tous les parents. On vivait des émotions avec nos enfants.
Quel avenir entrevoyez-vous pour la troupe?
Dans 20 ans, elle va encore être là. Le succès a toujours été là et les gens achètent encore des billets. On a accès à des programmes gouvernementaux comme tous les producteurs. La marque est reconnue partout au Québec et au Canada. Depuis quelques années, on fait tous les spectacles corporatifs de Ford Canada, à Halifax, Toronto ou Vancouver. Ce n’est pas rien! Ils aiment nos concepts. La marque, les équipements et les costumes sont là pour faire encore des productions pour les 10 prochaines années. On a l’expertise. L’équipe de création est la même depuis le début. Et tout le monde veut chanter avec Québec Issime. On a eu Claude Gauthier, Nathalie Choquette, Marc Hervieux et Lydia Bouchard dans Révolution.
Malgré cela, le spectacle Décembre ne revient pas encore cette année. La saga de la Place des arts, vous n’êtes pas près de l’oublier?
Vraiment pas! Ça fait partie des coups bas que j’ai eus dans ma vie. On n’a même pas eu la chance de dire que c’était la dernière saison. Les gens qui ont pris la décision ont fait ça d’une façon sauvage. Ils ont été blâmés par tout le monde. Ils ont le droit de faire ce qu’ils veulent, mais il y a des façons de le faire. On était là depuis 20 ans. Jamais je n’aurais pensé qu’on nous ferait ça. On venait d’investir plus de 487 000 $ dans cette production. Mais Décembre va revivre. Où, quand ou comment, je ne le sais pas. On a passé proche cette année. Les enveloppes gouvernementales n’étaient pas encore au rendez-vous. On va y arriver. Décembre, c’est nos traditions, nos racines et notre culture. On a bafoué notre tradition.