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Marcel Gauthier dit adieu à son « plus vieux chum, au meilleur des gars »

Yohann Harvey Simard
Le 09 juin 2023 — Modifié à 16 h 53 min le 09 juin 2023
Par Yohann Harvey Simard - Journaliste de l'Initiative de journalisme local

Le lundi 29 mai 2023, c’est tout le Québec qui pleurait le départ du comédien Michel Côté, qui s’est éteint des suites d’une maladie de la moelle osseuse à l’âge de 72 ans. Mais pour Marcel Gauthier, cette date marquera à tout jamais la perte de son « plus vieux chum à vie », de son plus fidèle complice, de celui qu’il considérait comme son « frère ».

C’est notamment grâce à la chimie entre les deux comédiens que la mythique pièce de théâtre Broue a pu voir le jour en 1979. Une chimie au sein de laquelle l’acteur Marc Messier, leur « troisième frère », a bien sûr été un ingrédient essentiel.

L’amitié entre Michel Côté et Marcel Gauthier remonte toutefois à bien plus loin, à une époque où les deux hommes n’étaient encore que des « p’tits gars de Naudville », un quartier d’Alma, la ville d’où ils sont natifs.

« On étudiait ensemble au Collège La Mennais de Naudville. On a commencé à faire des trucs ensemble avec les Cadets des Cœurs vaillants d’Alma. Michel jouait de la trompette, et moi de la caisse claire! », se souvient Marcel Gauthier, nostalgique.

Du début à la fin

À bien des égards, la vie de Michel Côté restera toujours liée à celle de Marcel Gauthier. C’est ensemble qu’ils feront notamment leurs débuts sur scène.

« On s’est mis à faire du théâtre amateur à Alma, Michel dans le Théâtre populaire d’Alma et moi avec une autre troupe, mais aussi dans notre troupe d’étudiants. Un moment donné, j’ai monté un spectacle en 1968 ou 1969 dans la cadre du mouvement d’occupation des cégeps. On avait appelé la pièce Dorus le magnifique ou les esclaves au pouvoir, et j’avais donné le premier rôle à Michel. »

C’est aussi côte à côte qu’au début des années 70, les hommes de théâtre quittent Alma pour Montréal après avoir été tous deux admis à L’École nationale de théâtre du Canada.

Broue

Peu après leur arrivée dans la métropole, ils y fonderont la troupe de comédiens Les Voyagements, troupe à laquelle se joindra éventuellement Marc Messier. Pour la suite, elle appartient à l’histoire, ou plus précisément à l’histoire théâtrale du Québec.

En effet car, avec plus de 3000 représentations sur une période de 38 ans et vue par plus de 3 millions de spectateurs, Broue, une œuvre tout droit sortie de l’imaginaire du trio Côté, Gauthier, Messier, est aujourd’hui considérée comme le plus grand succès de l’histoire du théâtre au Québec.

Cependant, pour les trois comédiens, au-delà d’un gagne-pain bien mérité dans un milieu souvent ingrat, la pièce qui se déroule dans une taverne aura été une aventure au travers de laquelle s’est cimentée l’amitié d’une vie. Une amitié qui s’est abruptement terminée le 29 mai dernier avec le décès du bien-aimé des Québécois Michel Côté.

L’homme

Certes, c’est car il était un acteur à l’irréfutable talent, ce dont son lègue témoigne aisément d’ailleurs, que Michel Côté et son départ suscitent tant de désarroi dans la Belle Province.

Mais ce qui en fait sans doute une figure aussi regrettée est son caractère profondément humain, son humilité, sa simplicité, l’authenticité et l’amour qui caractérisaient la manière dont il avait l’habitude d’entrer en contact avec autrui. C’est du moins ce qu’en pensent toutes les personnes qui ont eu la chance de croiser sa route, à commencer par Marcel Gauthier.

« Michel est toujours resté connecté à sa famille, aux gens. Michel, il aimait tout le monde, les riches, les pauvres. Il n’avait pas une once de racisme ou de sexisme. Michel, c’était un bon gars, le meilleur des gars. Et puis, la vague d’amour qu’il reçoit n’est pas étrangère à tout ça. Il a toujours été là. Il a donné beaucoup, beaucoup de son temps pour des causes. Il aime le Québec. Il aime les Québécois. Il n’a jamais levé le nez sur Alma, sur sa région dont il était fier. Et aujourd’hui, c’est moi qui suis fier d’avoir été le grand chum de Michel Côté… »

Quelques jours après le trépas de son camarade, Marcel Gauthier peinait toujours à la croire.

« Michel, il était tellement fort, tellement champion, il aimait tellement la vie. Michel, il ne voulait pas partir. Il voulait profiter de la vie et de sa retraite qu'il venait à peine de prendre, parce qu’avant d’être une grande star de cinéma, c’était avant tout un père de famille. »

Marcel Gauthier transmet d’ailleurs ses plus sincères condoléances à la famille de son défunt ami.

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