Mercredi, 11 décembre 2024

Chroniques

Temps de lecture : 1 min 28 s

Des coups de manche à balai sur le plancher

Le 14 novembre 2024 — Modifié à 07 h 00 min le 14 novembre 2024
Par Alexandra Gilbert-Boutros

Le voisin d’en bas vient d’emménager, il fait du bruit. Il me dégoûte et je ne me sens pas en sécurité en sa présence. Il parle fort, il n’a pas de classe, parait même qu’il a été reconnu coupable d’agression sexuelle. J’ai beau taper sur le sol, son volume ne descend jamais. J’ai peur qu’il brise des choses chez moi, j’ai peur qu’il nuise à ma quiétude, j’ai peur de lui.

Je parle de Donald. Le soir de l’élection américaine, avant d’aller me coucher, les jeux n’étaient pas faits mais ça regardait mal, je confiais à mon amie que je ne dormirais pas tranquille. Au matin, déferlent les commentaires sur les médias sociaux et en milieu de travail, de l’insécurité mais surtout de l’incompréhension. Sommes-nous si éloignés en termes de valeurs? Comment ça se peut, un tel résultat? QUI vote pour Trump?!

Alors, je me suis mise à la place d’un américain appelé à voter, qui est dans l’insécurité, dans l’ignorance souvent, dont les conditions économiques se sont dégradées, qui se sent menacé. J’écoutais des reportages qui disaient que la majorité des votants républicains ne votent pas pour lui, ils l’abhorrent, mais voient en lui le seul espoir d’un avenir meilleur. Si mes enfants se couchaient le ventre vide, si j’habitais dans un lieu où je ne me sens pas en sécurité, ou que l’emploi se fait rare, que ma garde rapprochée souffre, serais-je capable de trahir mes valeurs? Je le hais mais il va probablement m’aider par son protectionnisme et sa vision d’affaires, en tout cas, j’ai espoir... Dans l’urne, je prends la chance.

Est-ce que je pourrais fermer mes yeux sur des comportements dégueulasses en échange de la sécurité d’esprit. J’ose croire que ceci explique cela, que ce résultat s’explique par un mal-être, par la peur et l’espoir. Maintenant, nous ici, à l’aube d’une élection fédérale qui s’annonce conservatrice, a-t-on assez peur, sommes-nous assez dans la misère pour voir en Poilièvre une solution? Moi non, certainement pas. Si quelqu’un peut me protéger, ici, si quelqu’un pense à mes valeurs et à mon bien-être, il n’aura probablement pas de rouge dans son logo.

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