« Centre communautaire et culturel Michel-Marc Bouchard », peut-on dorénavant lire sur l’enseigne du l’immeuble qui sied au 5791 avenue du Pont Nord, à Alma. Une marque de reconnaissance qui est loin de laisser le principal concerné indifférent. C’est du moins ce dont témoignait l’émotion sur le visage du « p’tit gars de Saint-Cœur-de-Marie », aujourd’hui dramaturge de renommée internationale, lors de la cérémonie de désignation du bâtiment en son honneur.
Il y a toujours quelque chose de beau dans le fait de voir quelqu’un s’émouvoir de ce qui aurait pu être banal aux yeux d’une autre personne de la même envergure.
En effet, bien que ses pièces soient reprises aux quatre coins du monde, qu’il ait été louangé par la critique deux fois plutôt qu’une et qu’il ait travaillé avec une multitude de comédiens de talent, c’est humble, reconnaissant et surtout fier que Michel-Marc Bouchard, dramaturge, mais aussi scénariste et librettiste originaire de Saint-Cœur-de-Marie, a assisté à la cérémonie qui se proposait de rebaptiser le centre communautaire et culturel de son village natal en son nom, samedi dernier.
Car, s’il a sûrement voyagé au moins autant que ses œuvres, Michel-Marc Bouchard n’a jamais oublié d’où il venait.
« Même si je suis parti de Saint-Cœur-de-Marie assez jeune, dit-il, Saint-Cœur-de-Marie a toujours été présent dans mon imaginaire, dans mes repères, dans mes refuges. Chaque année, je reviens. Je fais le chemin jusqu’au Lac-Saint-Jean comme on revient vers une vieille chanson qu’on a oubliée. Je reviens respirer l’air qui m’a vu grandir, vers les rires familiers et les silences qui parlent parfois plus fort que les paroles. »
Ode à ses racines
Au cours de la cérémonie de désignation, se sont succédé plusieurs témoignages rendant hommage à Michel-Marc Bouchard, après quoi, il a lui-même pris le micro pour, à son tour, rendre hommage à tous ceux qui l’ont vu grandir et, plus important encore, permis de grandir.
« Un village, c’est une famille. Une famille qui vous aime, qui vous a vu grandir, qui vous a donné des chances. Un village, c’est aussi des amis d’enfance, d’école, ce sont des Jean, des Stéphane, des Sylvain, des Serge, des François, des Chantale, des Isabelle, des Sylvie, des Linda. Vous le savez, moi, je suis un Bouchard et un Fleury. Mais je suis également un Larouche, un Tremblay, un Simard, un Claveau, un Gilbert, un Dufour, un Fortin, un Maltais, un Gagnon, un Desgagnés, un Savard, un Blackburn, un Boudreault. Tout ça, dans mon ADN. Je suis du rang des Chicots, qui est devenu le rang Saint-Georges et éventuellement l’avenue du Pont. Je suis de Mistouk, de la terre colonisée par mon arrière-grand-père, un Fleury, et administrée par un autre arrière-grand-père, un célèbre Larouche. Je suis de Saint-Cœur-de-Marie. Je suis d’un cœur qui bat en chacun et qui résonne comme une promesse. Ce n’est pas juste un lieu sur une carte, c’est un battement d’amour qui ne s’éteint jamais. C’est le cœur de ces mères de 10 à 14 enfants, de ces pères qui travaillaient au champ ou à l’usine. C’est le cœur d'une communauté qui s’est donné un lieu de rassemblement, d’entraide, de fête et de culture. »
Une municipalité toute aussi fière
Au bas mot une centaine de personnes étaient réunies dans le Centre communautaire et culturel Michel-Marc Bouchard lors de la cérémonie de désignation. La mairesse d’Alma, Sylvie Beaumont, faisait partie du lot. Elle en a profité pour adresser quelques mots à celui considéré par plusieurs comme un monument de la culture québécoise.
« Partout à travers le monde, on sent l’amour que les gens te portent [à Michel-Marc Bouchard]. Et je trouve ça magnifique. Tes textes traduits, joués, portés à l’écran ou sur scène témoignent non seulement de ton talent, mais aussi de ton courage. Le courage de parler de l’intime, de la différence, de l’émotion, de l’amour sous toutes ses formes. Nous, ici, à Alma et à Saint-Cœur-de-Marie, nous ressentons une fierté immense, une fierté de t’avoir vu grandir dans nos rues, de reconnaître en toi un ambassadeur de notre culture, un phare pour les jeunes ainsi qu'une preuve vivante que nos racines nourrissent l’univers, ou l’universel, je dirais. Quand nous décidons, aujourd’hui, de donner ton nom à ce centre communautaire et culturel, ce n’est pas seulement une plaque ou une inscription, c’est une promesse. Une promesse de mémoire, d’inspiration et de transmission. »
Michel-Marc Bouchard est né le 2 février 1958 à Saint-Cœur-de-Marie. Il est le fils de René Bouchard et de Madeleine Fleury, et le père de pièces de théâtre telles que Les Feluettes, Les Muses orphelines (1988), L’Histoire de l’oie (1989), Le Chemin des Passes-dangereuses (1998), Tom à la ferme (2011), Christine, la reine-garçon (2013), La Divine illusion (2016), La Nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé (2019), Embrasse (2021) et Les Feluettes ou La répétition d’un drame romantique (1897).