Cela fait maintenant 30 ans que Line Belley et Constant Côté ont quitté le monde de l’agriculture pour lancer leur propre affaire. Ensemble, ils ont fait d’un petit bar laitier une institution de Saint-Gédéon, une institution connue sous le nom du Frimas et pour laquelle le couple cherche maintenant une relève.
Line Belley et Constant Côté vendent leur ferme laitière en 1992. Plutôt que de produire du lait, ils en feront de la crème glacée. Une idée qui vient à l’origine de Line Belley, mais par laquelle se laisse éventuellement séduire Constant Côté.
À l’époque, la rue de la Plage est pratiquement dénuée de commerces. De hautes herbes sont à peu près tout ce qu’on y retrouve. Néanmoins, c’est à cet endroit que Line Belley souhaite ériger son bar laitier, ce qu’elle fera en dépit des craintes émises par son entourage.
« Ce n’est pas un bon emplacement. Il n’y a pas assez de gens à Saint-Gédéon. Ça ne marchera pas », lui disait-on. Eh bien, les sceptiques auront été confondus, puisque 30 ans plus tard, Le Frimas est toujours là et en pleine forme.
Mais Line Belley n’aura pas eu besoin d’attendre trois décennies avant de comprendre qu’elle avait vu juste.
« J’étais nerveuse, très nerveuse à la veille de l’ouverture, mais ç’a bien été tout de suite en commençant. Moi-même, j’étais surprise », se souvient-elle.
Aujourd’hui, il n’est pas rare que Le Frimas serve de 700 à 800 clients par jour.
Une brique à la fois
Encouragée par le succès que rencontre son commerce, Line Belley n’aura de cesse de lui apporter des améliorations avec l’aide de son conjoint.
Entre autres, elle procédera rapidement à l’agrandissement de ses locaux de façon à pouvoir élargir son menu. Elle change sa première machine à crème molle pour une « Cadillac » à 50 000 $ capable de produire 1 500 cornets à l’heure.
Au fil des ans apparaissent sur le menu des sandwichs à la crème glacée, du Bubble Tea, de la slush, du yogourt glacé et même du tofu glacé pour les personnes intolérantes au lactose. N’empêche, c’est avant tout grâce à ses bonnes vieilles confitures à sundae maison que Le Frimas a pu « se faire un nom », insiste la tenancière du bar laitier.
Line Belley explique qu’elle s’est toujours fait un devoir de s’adapter aux époques et de stimuler la fréquentation de sa crèmerie par l’introduction de nouveautés. Après nombre d’investissements, elle peut enfin affirmer que « le bar laitier est complet ».
Un flambeau difficile à passer
Bien qu’il ait toujours la flamme, le couple ne s’en cache pas : l’heure de leur retraite a sonné. Cela fait d’ailleurs trois ans que le bar laitier a été mis en vente. Mais alors que plusieurs acheteurs potentiels se sont manifestés, aucun d’entre eux n’a pu obtenir le prêt nécessaire pour conclure la transaction.
« Les banques ne prennent pas le chiffre d’affaires projeté en compte quand elles prêtent. Alors, si tu n’as pas des avoirs qui permettent d’assurer ton prêt, elles ne te prêteront rien du tout », explique Constant Côté.
Par conséquent, poursuit Line Belley, « ils voudraient qu’on les finance. C’est-à-dire qu’ils continueraient de nous payer des montants au fur et à mesure, mais c’est trop risqué. On connaît des gens qui ont tout perdu en faisant ça. »
Malgré tout, le couple ne perd pas espoir de trouver l’acheteur qu’il attend. Line Belley et Constant Côté se donnent encore quelques années avant de fermer boutique.