Mercredi, 11 décembre 2024

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Portrait de la consommation au Saguenay-Lac-Saint-Jean

La région particulièrement touchée

Jean-Philippe Tremblay
Le 10 janvier 2024 — Modifié à 07 h 15 min le 10 janvier 2024
Par Jean-Philippe Tremblay - Journaliste

La consommation d’alcool et de substances illicites est en augmentation dans la région. La santé publique du Saguenay-Lac-Saint-Jean et les intervenant sur le terrain le constatent : les problèmes liés à la consommation sont en hausse sur le territoire.

La santé publique note, entre autres, que la consommation excessive d’alcool est plus élevée dans la région qu’il y a 5 ans. Le Saguenay-Lac-Saint-Jean se situe d’ailleurs au-dessus de la moyenne provinciale à cet égard.

Les travailleurs de rue ont également constaté un accroissement des problèmes liés à la consommation de drogues dures.

« On peut en faire différents constats. De manière générale, il y a plus de consommateurs et ces derniers consomment de manière plus intense qu’avant la pandémie. On voit également une augmentation des demandes de services en cohérence avec l’augmentation de la consommation dans la région, ça, c’est certain », soutient Marika Bordes, directrice du programme de santé mentale, dépendance et jeunesse au CIUSSS du Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Alarmant

Si ces statistiques sont frappantes, la réalité sur le terrain est tout aussi alarmante.

« On voit une augmentation des personnes qui consomment. Aussi, la consommation est de plus en plus contaminée, les substances de coupe sont plus néfastes pour la santé qu’elles ne l’étaient avant, c’est dégueulasse ce qu’on peut retrouver là-dedans », indique Émily Bouchard, coordonnatrice clinique du site de prévention des surdoses pour le service du travail de rue de Chicoutimi.

Les drogues sont également de plus en plus accessibles, créant de nouveaux défis pour les intervenants.

« Avec le Dark Web, c’est rendu beaucoup plus facile. Les gens peuvent se procurer pas mal n’importe quoi et le faire livrer directement dans leur boite aux lettres. Des gens sont capables de s’acheter directement du fentanyl, donc ça aussi c’est très problématique », ajoute Émily Bouchard.

La région, qui semblait avoir été passablement épargnée par la crise du fentanyl, semble avoir rattrapé son retard sur le reste du pays alors que les surdoses s’y multiplient.

« À l’heure actuelle, le fentanyl est de plus en plus problématique et ça peut entrainer des surdoses. On voit plusieurs opiacés et autres substances qui en sont contaminés et c’est inquiétant. »

Le fentanyl est un opiacé de synthèse au moins 40 fois plus puissant que l’héroïne et coûte en moyenne 3 fois moins cher.

Plus des surdoses

Malgré la mise en place d’un centre de prévention des surdoses à Chicoutimi, leur nombre est en augmentation dans la région.

« On est chanceux, ici au centre, on a constaté juste deux surdoses depuis notre ouverture il y a deux ans et demi. Ça, c’est positif, mais plusieurs personnes qu’on côtoie nous font part du nombre grandissant de surdoses dans leur cercle. Les gens sont assez transparents, quand ils ont une mauvaise expérience avec une substance, ils le disent pour éviter que quelqu’un d’autre en soit victime, donc on a quand même l’heure juste », explique Émily Bouchard.

Alors que le nombre de surdoses augmente, les problèmes de santé liés à la consommation se multiplient eux aussi.

« On parle beaucoup de surdose, mais la consommation en soi est de plus en plus problématique pour la santé. L’augmentation des laboratoires clandestins contribue grandement à cela. Par exemple, si la drogue a été fabriquée dans un laboratoire insalubre, et qu’elle est contaminée avec de l’eau à l’hépatite C ou si la substance est contaminée avec du verre cassé, ça peut donner de sérieux problèmes de santé, autant à court qu’à long terme. »

Grâce à la prévention et aux efforts des différents services de rue, la majorité des surdoses ont pu éviter un dénouement tragique. On dénombre une quinzaine de décès par surdose annuellement dans la région, un chiffre qui demeure stable.

 

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