Les emplois de 180 travailleurs se retrouvent sur la glace après que la scierie Arbec Bois d’oeuvre de L’Ascension ait annoncé, la semaine dernière, l’arrêt de ses activités pour une période d’un mois ou plus.
La scierie de L’Ascension est la plus performante des sept usines appartenant au Groupe Rémabec, avec une production annuelle de 230 millions de pieds mesure plan (PMP).
Les activités y sont suspendues depuis le 14 juin dernier en réponse aux problèmes de rentabilité qui affectent actuellement l’usine.
« Depuis plusieurs mois, Groupe Rémabec déplore les conditions extrêmement difficiles dans lesquelles elle doit mener ses opérations. L’entreprise doit composer avec les coûts de fibre parmi les plus élevés du pays, voire de l’Amérique du Nord », justifiait Groupe Rémabec lors de l’annonce de la fermeture.
L’entreprise demande que le régime forestier québécois soit modifié pour permettre la réouverture de l’usine.
Surtaxe
Groupe Rémabec met également en cause l’imposition de tarifs compensatoires sur les exportations canadiennes de bois d’oeuvre vers les États-Unis.
À ce titre, Groupe Rémabec reproche à Québec de ne pas avoir su faire respecter, à l’aide du Bureau de mise en marché des bois (BMMB), les termes du régime forestier de 2013. Alors que le BMMB devait normalement permettre d’exempter les scieurs québécois des surtaxes américaines, « ce n’est aucunement le cas. Les entreprises québécoises paient des deux côtés. »
« Le BMMB, en ce moment, il est contre-productif. C’est clair que ça va prendre de gros changements », renchérit le président d’Alliance forêt boréale, Yanick Baillargeon.
Au cours des dernières années, dit-il, les États-Unis ont prélevé 9 milliards de dollars aux entreprises forestières canadiennes en taxes compensatoires.
Selon Yannick Baillargeon, d’autres fermetures d’usines pourraient survenir prochainement si rien n’est fait. « Il y a des rumeurs en ce sens-là. »
L’Ascension touchée de plein fouet
Il s’agit d’un coup dur pour la municipalité de 2200 habitants, où réside une bonne partie des 180 travailleurs touchés par la fermeture.
« Pour nous, c’est comme si on fermait une usine de 20 000 employés à Saguenay », illustre le maire de L’Ascension et préfet de la MRC de Lac-Saint-Jean-Est, Louis Ouellet.
Si ce dernier croit qu’une sortie de crise est encore possible, il faudra pour ce faire que Québec modifie son régime forestier.
« On ne peut s’attende à ce que les entreprises continue d’exploiter une ressource qui leur fait perdre des sous. Elles ne peuvent pas accumuler des pertes de façon récurrente. »
Consolidation d’usines
Groupe Rémabec soutient que la consolidation d’usines sera également nécessaire pour « permettre à l’industrie de demeurer compétitive dans le contexte des baisses de possibilités forestières, auxquelles s’ajoutent le dossier caribou, les aires protégées, les feux de forêt, la tordeuse de bourgeons d’épinette et autres. »
La consolidation d’usines consiste à fermer une usine pour en transférer les volumes d’approvisionnement vers une autre de sorte à en améliorer la rentabilité. Des transferts de main-d’œuvre peuvent également avoir lieu selon le cas.
L’industrie doit faire partie de la solution
Le maire de L’Ascension estime que l’industrie, elle aussi, a des devoirs à faire pour améliorer sa rentabilité, notamment en ce qui a trait à la diversification de ses produits transformés.
« C’est le temps que la foresterie nous fasse rêver. Quand les entreprises forestières vont vouloir faire des consolidations, en même temps, elles vont devoir proposer des projets à valeur ajoutée. Ça fait 20 ans qu’on dit que ça va mal. Alors, peut-être que de faire juste du 2x4 et du papier, ce n’est pas la bonne chose à faire. »
Comme produit dérivé à valeur ajoutée, Louis Ouellet donne l’exemple du biochar, une poudre noire fabriquée à partir de la biomasse forestière que l'on peut épandre sur les terres agricoles.