Arrivés à Saint-Bruno en septembre 2023, Roman Kharin, originaire de Nikopol en Ukraine, et sa conjointe Anar Akhmetova, née à Astana au Kazakhstan, ont trouvé ici un refuge et un nouveau départ.
Le couple a pu fuir la guerre grâce au programme CUAET du gouvernement canadien, qui leur a offert un permis de travail ouvert et des services d’établissement. Ce programme, mis en place pour accueillir rapidement les personnes fuyant le conflit, leur a permis d’obtenir des démarches simplifiées et un accès rapide au marché du travail.
Avant même le conflit, l’idée d’une immigration au Canada avait déjà germé.
« On avait déjà, même avant la guerre, commencé à regarder venir vivre au Canada. J’avais déjà travaillé avec des Québécois au Kazakhstan, avec la compagnie de construction québécoise Honco, qui a effectué des projets d’envergure là-bas, comme par exemple avec la compagnie aérienne Air Astana », raconte Anar.
Ces premiers contacts ont façonné une image positive du Québec : un endroit sécuritaire, structuré, où la vie familiale semblait équilibrée et où les perspectives professionnelles étaient nombreuses. Le programme CUAET est ensuite venu faciliter leur départ au moment où la guerre a éclaté, transformant une envie ancienne en nécessité urgente.
Roman œuvre aujourd’hui comme soudeur chez Alma Soudure, après avoir passé quelque huit mois au BoniChoix de Saint-Bruno, une expérience qu’il décrit comme formatrice pour apprendre à communiquer rapidement en français.
Anar travaille également chez BoniChoix, en cuisine. De son côté, l’apprentissage du français n’était qu’une formalité, ayant précédemment étudié et travaillé comme traductrice professionnelle dans son pays natal du Kazakhstan.
« J’ai étudié à Paris, et fait mon bac au Kazakhstan comme traductrice anglais-français. »
Cette aisance linguistique lui a permis de s’intégrer rapidement et de soutenir son mari dans sa propre francisation. À leur arrivée à Saint-Bruno, le couple a vécu quatre mois dans une famille québécoise.
« Ils étaient vraiment gentils. Ils nous ont beaucoup aidés au début », souligne Anar.
Ce passage en famille d’accueil a été un pilier important dans leur adaptation : découverte des coutumes, soutien administratif, premiers repères dans le village. Roman suit des cours de francisation depuis 2024. Il a atteint le niveau 6 et vise le niveau 7, exigé dans le cadre de sa demande au système Arrima, alors que tous deux sont en attente de leur résidence permanente — un processus long et éprouvant.
« On fait notre possible, mais c’est beaucoup de paperasse, beaucoup d’étapes », reconnaît le couple, qui tente de conserver patience et motivation dans ce long parcours administratif.
Festivités québécoises et traditions d’ailleurs
Le couple s’est rapidement approprié les traditions locales.
« On adore le Carnaval de St-Bruno. C’est magnifique pour les familles », dit Roman. Ils apprécient particulièrement l’ambiance chaleureuse, les activités hivernales et le fait que, malgré le froid, les gens sortent, se rencontrent et célèbrent ensemble.
Les célébrations du temps des Fêtes diffèrent toutefois de celles de leurs pays d’origine.
« Ici, vous fêtez le 24 et le 25 décembre, mais en Ukraine seule la soirée du 31 est vraiment célébrée. Les 24 et 25 ne sont même pas des jours fériés », explique Anar.
Pour eux, l’arrivée de la nouvelle année est traditionnellement un moment beaucoup plus important. Depuis deux ans, ils marquent le Réveillon avec les amis qui les ont accueillis.
« On est très heureux ici, depuis deux ans on passe le temps des Fêtes avec des amis, ceux qui nous ont accueillis surtout. On fait un grand dîner avec eux le 31. »
Ils ont aussi développé un attachement particulier pour la tourtière.
« C’est compliqué, c’est long, mais c’est toujours bon », lance Roman en riant. Ils apprennent tranquillement les recettes du Lac-Saint-Jean, adaptent les leurs, et construisent ainsi une nouvelle tradition familiale, entre souvenirs du Kazakhstan et coutumes québécoises.
Famille dispersée et inquiétudes persistantes
Si la situation s’est stabilisée pour eux, l’inquiétude demeure. La mère de Roman vit toujours en Ukraine, à seulement sept kilomètres de la ligne zéro.
« C’est une zone évidemment très dangereuse. Les communications sont difficiles, la connexion pas toujours bonne. Parfois, on doit même interrompre nos conversations à cause des sirènes qui annoncent un bombardement et qui signalent aux gens d’aller se mettre à l’abri », confie-t-il.
Quant à elle, la famille d’Anar est demeurée au Kazakhstan, avec qui les communications sont plus fréquentes, voire quotidiennes.
Leur fils Damian, qui aura huit ans en mars, fréquente l’école primaire de Saint-Bruno. Après une adaptation difficile mais rapide au début, il s’épanouit désormais.
« Son enseignant nous envoie de beaux messages sur ses progrès. Il étudie bien, il parle bien. Il fait partie des meilleurs de sa classe. »
Pour ses parents, voir leur fils s’intégrer, se faire des amis et trouver sa place représente l’une de leurs plus grandes réussites depuis leur arrivée.
Une gratitude sincère envers la communauté
Malgré les défis, Roman et Anar considèrent leur installation comme un succès.
« On est très heureux ici. Il n’y a que du positif. Le Canada, c’est le pays numéro un pour la qualité de vie », dit Roman. Ils apprécient la sécurité, la nature, la stabilité et le soutien reçu de la communauté saint-brunoise.
En attendant que leur dossier de résidence permanente avance, ils poursuivent leur intégration avec optimisme et une grande gratitude envers ceux qui les ont aidés à refaire leur vie à Saint-Bruno.