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Patrick Bouchard, le héro de Saint-Ludger-de-Milot

Yohann Harvey Simard
Le 02 juillet 2022 — Modifié à 02 h 44 min le 02 juillet 2022
Par Yohann Harvey Simard - Journaliste de l'Initiative de journalisme local

C’est au rythme des appels d’urgence que Patrick Bouchard a vécu les 42 dernières années. Et alors qu’il fête tout juste ses 70 ans, c’est avec une médaille au cou que le pompier du Saint-Ludger-de-Milot a officiellement tiré sa révérence, et ce, sous les applaudissements de toute une communauté.

En effet, ils étaient nombreux la semaine dernière à souligner le départ de celui qui a consacré la majeure partie de sa vie à protéger ses semblables.

C’est que Patrick Bouchard n’était pas simplement pompier. Pour Saint-Ludger-de-Milot, il était un membre de la communauté reconnu et respecté, mais surtout, aimé.

« Toujours bien impliqué, Patrick amenait le service incendie au cœur de la vie communautaire pour motiver ses troupes. Nous sommes fiers de compter Patrick dans nos rangs. Il est et sera toujours un fier ambassadeur de Saint-Ludger-de-Milot. C’est un homme de cœur, travaillant, et qui défend à 110% les causes qui lui tiennent à cœur », affirme le maire de Saint-Ludger-de-Milot, Marc Laliberté.

Les nombreux services rendus par celui qui « avait trois radios chez lui pour être certain de ne pas manquer un call » lui ont même valu la médaille de l’Assemblée nationale.

« Lorsqu’un député décide de remettre une médaille, c’est parce qu’il est impressionné. Et Patrick Bouchard m’impressionne. Il m’impressionne par la qualité et la durée de son engagement », fait valoir le député de Lac-Saint-Jean, Éric Girard, par qui a été remise ladite médaille.

Pionnier

Jusqu’au tournant des années 1980, Saint-Ludger-de-Milot était dépourvu de service incendie.

« On a formé la première brigade », affirme Patrick Bouchard. Brigade dans laquelle lui et ses compères ont œuvré entièrement bénévolement pendant 31 ans.

Entre les collectes de fonds, notamment par l’entremise de tournois de hockey, et la sollicitation répétée des institutions financières et gouvernementales, ce sont les pompiers volontaires, avec à leur tête Patrick Bouchard, qui ont eux-mêmes assuré le financement de leur service incendie jusqu’en 2007.

« Nous, les pompiers, bénévolement, on a même réussi à faire un agrandissement de caserne dans les années 90. Pour seulement 1000 $ d’investissement de la municipalité, on a fait un agrandissement d’environ 50 000$. On a travaillé fort! »

Un homme aux multiples uniformes

Pompier, membre actif de sa communauté, conseiller municipal depuis 24 ans, Patrick Bouchard est aussi un père, un grand-père, un époux, un ami.

« Je suis très fière de lui, et je suis jalouse de sa médaille! », lançait sa petite-fille Jenny-Lee Bouchard.

Néanmoins, elle se dit soulagée que le septuagénaire n’ait plus à mettre sa vie en danger.

« Quand j’étais jeune et que le micro sonnait le soir, mon cousin et moi on se réveillait et on était stressés. On ne savait jamais ce qui allait se passer. »

Recrutement de 14 nouveaux pompiers

Pas moins de 14 nouveaux pompiers rejoindront les rangs de la Régie intermunicipale en sécurité incendie secteur Nord (RISIN) cette année. Un taux de diplomation exceptionnel faisant de la régie un exemple à suivre au Québec.

C’est ce qu’affirme le président de la RISIN et maire de Saint-Henri-de-Taillon, Laval Fortin.

« On n’a pas vu ça souvent. Habituellement, quand on lançait des cohortes de dix, on en gardait juste un », illustre pour sa part Normand Desgagné, directeur général de la RISIN.

Chose plutôt étonnante, ce dernier laisse entendre que ce succès serait notamment attribuable à la pandémie, ou plus précisément à l’avènement des formations en ligne.

« Avec l’arrivée de Zoom, de Teams et de l’enregistrement de nos formations en ligne, ça nous a permis de suivre nos pompiers, peu importe où ils étaient. Ils pouvaient rester à la maison avec leur conjointe, leurs enfants », explique-t-il.

On estime que c’est probablement ce qui fut la clé de la réussite, car les recrues n’ont jamais été laissées à elles-mêmes.

Cette façon de faire s’ajoute aux nombreux efforts qui ont été déployés afin de s’attaquer à la pénurie de pompiers qui sévit dans la RISIN. De 37 pompiers manquants, la régie est passée à 23 avec l’arrivée de ses 14 nouvelles recrues.

Afin de favoriser le recrutement, la RISIN adoptera dès septembre une politique de reconnaissance visant à souligner le travail de ses pompiers,

« C'est une forme d’attractivité importante. Il faut qu’ils soient fiers d’appartenir à la Régie », explique Maxime Fortin, directeur du Service de prévention des incendies de Ville d'Alma.

Un soutien gouvernemental qui se fait attendre

Si recruter de nouveaux pompiers est une chose, les équiper adéquatement en est une autre.

Dans un rapport qu’elle a récemment déposé au gouvernement du Québec, la RISIN soutient avoir besoin d’un montant de 485 000 $ afin de renouveler et d’améliorer ses équipements de sécurité.

« Ça fait suite au décès du pompier de la caserne de Normandin », indique Normand Desgagné, expliquant que les probabilités qu’un tel incident se reproduise pourraient être diminuées grâce à l’achat de nouveaux équipements.  Pour le moment, c’est entre les mains de la ministre des Affaires municipales. On attend. »

À titre d’exemple, Saint-Ludger-de-Milot a récemment fait l’acquisition de masques respiratoires pour sa caserne. Un investissement de 57 000$ que la municipalité a dû faire de sa poche « alors qu’elle aurait pu avoir de l’aide gouvernementale », déplore Laval Fortin.

 

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