D’origine autrichienne, Wallie Danbrook a déménagé avec sa famille à Calgary alors qu’elle n’avait que deux ans. Elle a donc grandi entre deux cultures, celle de son pays natal et celle de l’Ouest canadien, avant de s’installer au Québec en 1974.
Elle y réside maintenant depuis plus de 50 ans.
Son conjoint, Frank Danbrook, vient pour sa part de St-Thomas, dans le sud de l’Ontario, où il a passé son enfance sur une ferme laitière, habitué très tôt aux grands espaces et au travail des champs. Le couple se rencontre au milieu des années 1970, se marie en 1976 et s’établit éventuellement à Sherbrooke. C’est là que naîtront leurs trois enfants — Heidy, Laura et David — qui y passeront une grande partie de leur jeunesse.
En 1989, un tournant important survient lorsque Frank devient pasteur de l’Église baptiste d’Alma, située sur le chemin de l’Aéroport. La famille déménage alors au Lac-Saint-Jean, savourant rapidement le rythme plus tranquille de la région.
Puis, en 2000, un nouveau défi se présente : Frank accepte la direction du Camp Patmos. Fondé en 1971 sur le lac des Commissaires à Lac-Bouchette, le camp avait été relocalisé à L’Ascension en 1988. Lorsqu’ils y posent leurs valises, l’endroit traverse une période difficile : peu de ressources, des bâtiments négligés et une réputation fragilisée.
« Quand on a commencé au Camp Patmos, c’était pratiquement à l’abandon. Il y avait beaucoup de vandalisme, même après qu’on ait débuté de nouveaux projets », raconte Frank.
Leur arrivée ne se fait pas sans réticences.
« On n’avait pas le même background géographique, social ou spirituel. Nous, on est protestants, et on se retrouvait dans un milieu très catholique. Il y avait un peu de crainte et d’inquiétude chez certains. Mais depuis, les gens nous ont bien acceptés. »
Certaines attaques dirigées vers le camp relevaient même de préjugés : quelques citoyens croyaient à tort qu’il s’agissait d’une secte.
« Ça a bien changé depuis. Par notre implication dans la communauté, les gens ne font plus ça maintenant », ajoute-t-il.
Wallie n’est pas restée en retrait de cette aventure. Durant une quinzaine d’années, elle a dirigé les bénévoles adolescents du camp, s’impliquant autant dans la logistique que dans l’encadrement des jeunes. Parallèlement, elle a enseigné l’anglais dans plusieurs écoles du Lac-Saint-Jean ainsi qu’aux entreprises grâce à son travail avec Forgescom.
Les deux époux se sont ainsi enracinés profondément dans la vie communautaire. Aujourd’hui retraités, les Danbrook mènent une vie paisible, rythmée par leurs animaux, leurs jardins et leurs projets saisonniers.
Leur fermette, affectueusement nommée La petite ferme des Quatre Chemins, est devenue un refuge vivant : chevaux, lapins, chèvres, poules et une ribambelle de chats partagent leur quotidien. Ils vendent parfois quelques œufs, des tomates, ou encore quelques lapins, maintenant ainsi une petite activité agricole. À l’arrière de la maison, un vaste jardin et une serre témoignent de leur passion pour l’autonomie et le travail de la terre. l
Frank est particulièrement connu à L’Ascension pour son attelage de Noël, qu’il mène presque chaque année jusqu’à Saint-Cœur-de-Marie. Lorsque la neige recouvre les chemins, il n’est pas rare de le croiser offrant spontanément des promenades en traîneau aux passants, un geste simple qui participe à sa manière à la magie hivernale de la région.
Même après leur retraite, les Danbrook ne sont jamais restés inactifs. Pendant deux ans, ils ont collaboré bénévolement avec l’équipe équestre de la Sûreté du Québec, accompagnant une vingtaine de sorties à travers la province avec leurs petits chevaux. Ils apportaient un soutien logistique et une présence amicale dans les activités de relations publiques.
Ils ont aussi mis la main à la pâte dans divers camps pour jeunes, dont le Camp Papillon pour enfants handicapés dans Lanaudière — une expérience parmi les plus marquantes selon eux.
Les traditions de Noël chez les Danbrook
L’hiver venu, la maison des Danbrook se transforme en véritable petit village festif, presque un décor de carte postale.
« En plus de la parade, on reçoit la famille, on installe un poêle à bois mobile dehors, on sert des hot-dogs, des fèves au lard, du chocolat chaud. On fait des journées de plein air avec des tours de poneys. C’est du grand plaisir, surtout pour les petits-enfants », raconte Wallie, qui prépare toujours l’événement avec minutie.
Les traditions autrichiennes ont-elles survécu au fil des années ?
« Ma mère faisait des pâtisseries typiques, mais je ne les ai jamais apprises. Ça s’est un peu perdu », dit-elle en riant, heureuse malgré tout de voir ses propres traditions familiales prendre racine ici.
Frank, lui, insiste sur la dimension spirituelle des fêtes.
« On est des croyants. On célèbre la naissance de Jésus. On va toujours à la messe de minuit à L’Ascension. »
Il nous offre en conclusion les premiers vers de la chanson « Cowboys at Christmas » de John Denver, dont il récite spontanément les premières lignes, comme une prière de saison :
Tall in the saddle, We spend Christmas Day Driving the cattle Over snow covered plains All of the good gifts given today Ours is the sky, the wide open range