130, c’est le nombre de personnes, qui, en moyenne, l’été au Québec, perdent la vie en raison de noyades, d’accident de moto ou de vélo. 130 !! Et je vous fais grâce des statistiques sur le nombre de blessés et le nombre de morts lors d’accidents de voiture. Je ne me concentre que sur les loisirs estivaux. Parce que ces 130 morts sont évitables.
Loin de moi l’idée de jouer les trouble-fêtes. Je suis à mes heures motocycliste, nageur et cycliste. L’été chez nous est court, quoi de plus exaltant que d’en tirer le meilleur parti, à deux roues ou dans l’eau. Sauf que les chiffres parlent. Tentons une analyse.
Pour ce qui est de la moto et du vélo, il s’agit de véhicules partageant la route avec beaucoup plus gros, voitures et camions, à l’exception des pistes cyclables. Mais celles-ci sont si souvent empruntées par des quadriporteurs, des petites familles et même des piétons que les cyclistes sportifs n’y trouvent pas leur compte, préférant de loin les routes, augmentant le flux et les risques qui viennent avec.
Du côté des motocyclistes, j’ai parcouru les rapports de coroners et les articles de journaux. Dans la plupart des cas, l’âge est un facteur, mais pour des raisons différentes. Le grand nombre de baby-boomers à la retraite s’est traduit par l’arrivée massive de nouveaux motocyclistes âgés et inexpérimentés, souhaitant enfin réaliser leur rêve de liberté. Lorsque j’étais gamin, les motocyclistes avaient la vingtaine, aujourd’hui ce sont des septuagénaires à barbe blanche. Veux, veux pas, les réflexes ne sont plus les mêmes.
Dans les accidents répertoriés l’été dernier, plusieurs motocyclistes ont étiré leur courbe, se retrouvant dans le sens inverse, victimes de collisions ou de sorties de route. Plusieurs aussi ont raté leur virage à gauche à une intersection, en évaluant mal la distance du véhicule venant en sens inverse. Résultat, collisions fatales.
Puis il y a les jeunes racers. Encore et toujours. Le lobe frontal des jeunes hommes n’étant pas tout à fait formé, la sensation d’invincibilité des garçons leur fait oublier le danger pour privilégier les sensations fortes. Comme la vitesse…
Pour ce qui est de la nage, en tant que société, nous avons nos torts. Il fut un temps où la mode, dans les municipalités, était de fermer les piscines désuètes pour les remplacer par des jeux d’eau, moins coûteux. Exit les cours de natation. Bien des enfants n’ont jamais été initiés à la nage, ne serait-ce que pour apprendre les manoeuvres de survie. Puis il y a les plus âgés, pêcheurs expérimentés mais qui refusent de porter leur veste de flottaison. Alors lorsque, pour une raison ou une autre, la chaloupe bascule, c’est la fin. Puis, à chaque année, ces quelques tragédies d’enfants en bas âge dans les piscines.
L’essentiel, on n’y échappe pas, est donc toujours de respecter les consignes de sécurité. Autour de l’eau, ne jamais laisser les enfants sans surveillance, éviter de nager seul, ne pas surestimer ses capacités et de ne pas consommer d’alcool avant de se baigner. En moto, il est primordial de bien fixer son casque, autant que possible portez des vêtements renforcés de kevlar, de maintenir sa moto en bon état et de rouler à une vitesse adaptée à la route et aux conditions météo. Le mot d’ordre ; anticipation. Conduisez pour les autres. À vélo, demeurez à l’affût et toujours rouler en ligne droite en bord de route et attention aux portières de voiture qui s’ouvrent sans crier gare. Ah oui, pas besoin de tenter un record de vitesse en dévalant une côte pour faire monter votre moyenne.
En être conscient et en parler, ce n’est pas une discussion de mononcle ou de matante.
Les campagnes liées à la prudence n’ont qu’un seul but; sauvez les 130 morts.