Économie

Temps de lecture : 2 min 27 s

Augmentation du coût de la vie

L’endettement de survie gagne du terrain dans la région

Yohann Harvey Simard
Le 13 novembre 2025 — Modifié à 18 h 27 min le 13 novembre 2025
Par Yohann Harvey Simard - Journaliste de l'Initiative de journalisme local

On utilise souvent sa carte de crédit pour se payer un petit luxe, un bien coûteux dont on souhaite amortir le paiement, comme un ordinateur ou un équipement de ski. Bien qu’il s’agisse d’une dette, celle-ci ne pose pas d’inconvénient tant et aussi longtemps qu’on a le moyen de la rembourser selon les termes. Cela n’a rien à voir avec « l’endettement de survie », une forme d’endettement de plus en plus répandue et qui ne relève pas d’un achat frivole, mais bien d’une question de survie.

L’endettement de survie, explique la directrice du Service budgétaire de La Baie, Véronique Lapointe, « c’est quand on prend notre carte de crédit pour pouvoir manger, pour payer nos besoins de base, ceux qui sont essentiels pour un individu ».

L’endettement de survie, poursuit-elle, « il survient quand notre paie, nos revenus, ne suffisent pas à répondre à nos besoins vitaux ou à ceux de notre famille ».

Véronique Lapointe précise que ce type d’endettement ne passe pas nécessairement par le crédit. Parfois, les gens qui y ont recours, à défaut d’avoir accès au crédit, empruntent à leur entourage, leur famille, leurs amis. Mais outre les intérêts qui ne s’accumulent pas, cela revient au même : « à la fin du mois, ils ont plein, plein de créanciers à rembourser, et ça recommence le mois prochain ».

De plus en plus commun

Selon Véronique Lapointe, l’endettement de survie est un phénomène de plus en plus commun. Depuis quelques années, il ne touche plus seulement les personnes bénéficiant, par exemple, de l’assistance sociale ou ayant un revenu particulièrement faible.

« Aujourd’hui, on ne peut plus dire “les pauvres”, “les riches”, “ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas”. Ça touche tout le monde. Nous voyons beaucoup de travailleurs qui n’arrivent plus. Nous voyons aussi beaucoup de ménages qui ont deux salaires et qui sont dans la même situation. Alors, les gens s’endettent. Ils préfèrent encore nourrir leurs enfants que de mettre 300 $ sur leur carte de crédit. »

Véronique Lapointe affirme qu’il est inutile de chercher de midi à quatorze heures pour expliquer une telle augmentation de l’endettement de survie. Les suspects habituels sont en cause, en passant par l’explosion du prix des loyers, de l’épicerie de même que de la plupart des biens et services.

En 2025, plus de 5 000 personnes ont déjà rencontré les six Services budgétaires du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour obtenir de l’aide avec leur budget, leurs dettes ou leurs habitudes de consommation.

Aide alimentaire

Véronique Lapointe soutient par ailleurs que l’un des symptômes de l’endettement de survie est le recours croissant aux banques alimentaires.

« La plupart du temps, c’est sur l’alimentation que les gens vont couper en premier. C’est pour ça qu’en ce moment, on voit une forte augmentation de la demande auprès des banques alimentaires de partout au Saguenay-Lac-Saint-Jean et au Québec. […] Il n’y a rien de plus triste que de voir quelqu’un demander des barres tendres parce qu’il ne peut plus en mettre dans la boîte à lunch de ses enfants… Ça crève le cœur. »

Sondage « Survivre n’est pas un luxe »

C’est dans ce contexte que les six Services budgétaires du Saguenay-Lac-Saint-Jean ont lancé la campagne « Survivre n’est pas un luxe ». Outre différentes actions publicitaires, un sondage en ligne a été créé afin d’obtenir un portait plus juste de l’endettement de survie dans la région.

Véronique Lapointe encourage vivement les personnes concernées à y répondre, expliquant qu’il sera ensuite plus facile pour les Services budgétaires de faire valoir leurs revendications. Il est possible de participer au sondage via les pages Facebook des Services budgétaires ou en se rendant au https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSdPeJpl0oyd9GJ9wda6I82vyLi136_cwAVl6sN5ynWgxpeGKA/viewform?usp=header.

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