En 2024, plusieurs municipalités du Saguenay-Lac-Saint-Jean, comme Saint-Félicien et Roberval, sont parvenues à drastiquement réduire leurs déversements d’eaux usées dans les cours d’eau. D’autres cependant, comme Alma, semblent avoir plus de mal à améliorer leur bilan.
Chaque année, des eaux usées sont déversées par les municipalités en raison de l’incapacité ponctuelle de leur réseau d’égout de les traiter en totalité, notamment lors la fonte des neiges ou de précipitations abondantes.
Ces déversements sont comptabilisés annuellement au sein d’un palmarès dressé par la Fondation Rivières. Puisque les déversements sont forcément plus fréquents dans les plus grandes villes, l’organisation a mis au point des unités de mesure appelées « intensité et intensité par habitant » afin d’évaluer l’ampleur des déversements en fonction de la taille des municipalités.
L’intensité des déversements d’une municipalité est obtenue grâce à la multiplication de la durée des déversements survenus au cours d’une année par la capacité des « ouvrages de surverse », c’est-à-dire des dispositifs permettant le débordement des eaux d’égout, explique André Bélanger, directeur général de la Fondation Rivières.
La mesure de l’intensité a l’avantage de permettre la comparaison de la performance des municipalités entre elles peu importe leur taille et de distinguer celles qui se sont améliorées comparativement aux années précédentes de celles où la situation s’est détériorée.
Comparaison de quelques municipalités
Roberval et Saint-Félicien ont particulièrement réduit l’intensité de leurs déversements en 2024. En l’occurrence, Roberval est passée d’une intensité de 14 592 en 2023 à 8 837 en 2024, tandis que Saint-Félicien est passée d’une intensité de 107 082 à 38 303 durant la même période.
Dolbeau-Mistassini et Saguenay ont également vu l’intensité de leurs déversements diminuer alors que ceux-ci sont respectivement passés de 37 218 à 33 928 et de 1 359 227 à 1 351 828 entre 2023 et 2024.
À Alma toutefois, c’est plutôt une augmentation qui a été enregistrée. De 2023 à 2024, l’intensité des déversements y est passée de 434 939 à 481 021 entre 2023 et 2024, ce qui correspond à 74 déversements supplémentaires (452 à 526).
Maintenant, comment se fait-il que la tendance soit inverse à Alma? Pour André Bélanger, difficile de fournir une réponse, car, dit-il, « nous n’avons pas [à la Fondation Rivières] d’explications sur ce que les villes font ou ne font pas pour s’améliorer. Donc moi, si j’étais une ville qui ne s’améliore pas, je regarderais ce que les autres ont fait pour s’améliorer. »
Impacts environnementaux et humains
André Bélanger rappelle que le déversement d’eaux non traitées dans les cours d’eau a des impacts néfastes sur l’environnement.
« Ça finit par créer une pression sur le milieu hydrique. La pression, c’est le phosphore, l’azote, les matières fécales qui se décomposent. Tout ça, ça entraîne une perte d’oxygène dans l’eau, ce qui nuit à la faune et favorise la croissance des algues et éventuellement des cyanobactéries (algues bleues). » « Mais il y a aussi un impact humain, poursuit le directeur général. Quand ça déborde, tu ne peux plus aller dans l’eau, et si tu vas te baigner et que tu pognes une bonne gorger d’eau, il y a de bonnes chances que tu passes le reste de la journée sur la toilette. »
Par ailleurs, la réduction des rejets d’eaux usées apparaît d’autant plus cruciale dans une région comme le Saguenay-Lac-Saint-Jean, où les plans d’eau font partie intégrante de l’identité territoriale et contribuent à la vitalité touristique.
Solutions
Enfin, André Bélanger signale que différentes avenues, comme la réalisation de travaux de séparation de réseau ou la mise en place d’aménagements tels que des stationnements éponges, s’offrent aux municipalités pour réduire leurs déversements.
Des options moins coûteuses existent également. Plusieurs d’entre elles se rapportent aux « aménagements de surface », des aménagements dont l’objectif est essentiellement de réduire la quantité d’eau de pluie qui se retrouve dans les égouts.
« La première des choses serait de gazonner les terrains municipaux autant que possible pour favoriser l’absorption et la libération lente des eaux de pluie. Ensuite, on peut adopter un règlement qui oblige les gouttières à déverser l’eau sur les terrains plutôt que dans la rue. On peut aussi diriger les stationnements non pas vers une bouche d’égout, mais vers un terrain gazonné, etc. »