Odeurs nauséabondes, multiplication des oiseaux nuisibles et destruction d’un milieu naturel : plusieurs citoyens qui vivent à proximité du lieu d’enfouissement technique (LET) à Hébertville-Station s’opposent fermement au projet d’agrandissement du site. Ils l’ont fait savoir lors de la seconde partie des audiences publiques du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) les 13 et 14 octobre dernier.
Le représentant de l’Association des résidents du lac Bellevue, Daniel Guimond, a déclaré que ces derniers subissent de graves préjudices depuis l’ouverture du site. En plus des mauvaises odeurs, davantage de corneilles et de goélands s’y retrouvent selon lui et un milieu humide sera détruit si le BAPE approuve le projet.
« Permettre l'avancement vers le lac Bellevue serait complètement irresponsable et ça va être catastrophique, a-t-il déclaré. C’est un vaste territoire composé de lacs, d’étangs, de zones humides où on a répertorié 95 espèces d’oiseaux. C’est ce qu’on s’apprête à saccager. Je m’y oppose de toutes mes forces. »
Richard Thériault, qui demeure à Saint-Bruno, a abondé dans le même sens.
« On parle de 24 hectares avec des arbres, de la faune et de la flore et de 10 hectares en milieux humides qui vont être détruits. Est-ce vraiment ce qu’on veut laisser en héritage à nos petits-enfants? Parce que les citoyens ne sont tout simplement pas assez responsables pour gérer leurs résidus adéquatement? C’est désolant! Je suis convaincu qu’une nouvelle demande d’agrandissement sera sur le bureau du BAPE d’ici 15 ans. »
L’opposant de longue date au projet a ajouté avoir d’énormes inquiétudes concernant les odeurs.
« Plus on agrandit le site, plus il y aura du lixiviat. La RMR a admis qu’elle ne pourra jamais éliminer complètement les odeurs. Présentement, elle n’y arrive pas et la probabilité d’augmentation des odeurs est très forte. »
Réduction des déchets à la source
Richard Thériault estime qu’il est urgent de diminuer les déchets à la source en augmentant les coûts d’enfouissement, en instaurant une politique de pollueur-payeur et de réduire l’horaire des collectes de déchets.
Le Conseil régional de l’environnement et du développement durable (CREDD) du Saguenay–Lac-Saint-Jean a également insisté sur la réduction des déchets à la source.
« C’est la mesure la plus efficace au point de vue environnemental et économique, affirme Tommy Tremblay. C’est le maillon faible alors que les efforts sont surtout concentrés au niveau du recyclage et de la valorisation. Miser uniquement sur l’agrandissement des capacités d’enfouissement ne fait qu’accentuer la tendance actuelle à la surconsommation. Ça repousse le problème temporairement en créant à moyen terme une nouvelle pression pour un autre agrandissement dans quelques années. »
L’association de protection du lac Kénogami (APLK) s’inquiète aussi de la présence grandissante de goélands.
Selon son président, Michel Bergeron, 3000 de ces oiseaux venant du site d’enfouissement ont déjà été dénombrés en une journée sur la baie Cascouia, située à quelques kilomètres seulement. Il a rappelé que le lac Kénogami est la principale prise d’eau potable de Saguenay.
« Nous demandons qu’une firme indépendante effectue des relevés supplémentaires, avec l’implication du ministère de l’Environnement. Comme association, nous sommes allés au bout de ce que nous pouvons faire. »
Prolonger la durée de vie du site
Rappelons que le projet d’ajouter 16 cellules au lieu d’enfouissement technique, qui nécessiterait un investissement de 107 M$, est demandé par la Régie des matières résiduelles du Lac-Saint-Jean pour prolonger sa durée de vie jusqu’en 2048.
Le BAPE doit remettre son rapport au ministre de l’Environnement Bernard Drainville au plus tard le 15 janvier 2026. Ce dernier disposera de 15 jours pour le rendre public puis fera une recommandation au conseil des ministres qui prendra la décision finale.