À chaque campagne municipale, le même scénario se répète : les candidats rivalisent d’imagination pour séduire les électeurs avec des promesses, dont quelques-unes grandioses. Logements par milliers, infrastructures flambant neuves, projets d’envergure qui semblent à portée de main, mais qui, bien souvent, échappent totalement à leur pouvoir réel. Ce fut le cas récemment pour GNL et Ariane Phosphate, et aujourd’hui, c’est le Corridor du Nord.
Prenons un autre exemple, celui du logement. Certains aspirants maires (et mairesses) ou conseillers, annoncent fièrement la construction de centaines, voire de milliers d’unités. Or, la réalité est tout autre. Ce sont les promoteurs et les entrepreneurs privés, ou l’Office municipal d’habitation pour les HLM, ou encore les gouvernements provinciaux et fédéraux pour les coopératives d’habitation, qui détiennent les clés de ces projets. Les élus municipaux peuvent certes appuyer, tenter de convaincre les promoteurs, offrir certains avantages fiscaux, mais ils ne peuvent pas promettre ce qu’ils ne contrôlent pas. Les belles maquettes et les dessins séduisants ne sont que des mirages électoraux. L’administration Dufour nous a d’ailleurs habitués, au fil des dernières années, à nous faire rêver à coups de croquis d’architecte.
La leçon est simple : ne croyez pas tout ce que vous entendez en campagne électorale. Derrière les slogans et les promesses, il faut distinguer l’espoir légitime de l’illusion volontaire.
L’art de l’étapisme
À l’opposé des promesses irréalistes, certains élus choisissent une stratégie plus pragmatique : celle des petits pas. Le conseiller du district 2 (Jonquière-Kénogami) et président de la Commission des sports, Michel Thiffault, en a donné un exemple concret. En convainquant ses collègues de déposer une candidature pour accueillir les Jeux du Canada à Saguenay à l’hiver 2031, il ne promet pas la lune. Il pose plutôt la première pierre d’un édifice ambitieux : obtenir les Jeux, décrocher les subventions qui y sont reliées, et, ultimement, financer en partie un nouvel aréna.
C’est la stratégie de l’étapisme. Comme un alpiniste qui regarde le sommet lointain presque inatteignable, il choisit de gravir la paroi un petit pas à la fois. Cette méthode n’a rien de spectaculaire, mais elle est réaliste et, surtout, crédible.
Saguenay : une course encore ouverte
Dans la course municipale à Saguenay, le premier sondage a placé Madame Laforest en tête, avec une avance confortable. Auréolée de son expérience ministérielle, elle a marqué des points en affichant sa volonté de s’attaquer à la dette et en avançant des mesures populaires, comme la baisse de son salaire ou l’étalement de la taxe de bienvenue pour les nouveaux propriétaires. Derrière elle, Luc Boivin accuse un retard important. Mais la partie n’est pas terminée : 16 % des électeurs se disent encore indécis, et il reste trois semaines avant le scrutin. En politique, trois semaines, c’est une éternité. Reste que l’ex-conseiller de La Baie a beaucoup de pain sur la planche, accompagné ou pas, de son fromage préféré…
Les électeurs doivent garder la tête froide. Les promesses mirobolantes font rêver, mais elles ne résistent pas à l’épreuve du réel. Les projets crédibles, eux, avancent lentement mais sûrement, un pas à la fois. À l’heure de voter, mieux vaut se méfier des illusions et privilégier ceux qui savent transformer une vision en démarche concrète.