Développement économique, environnement, itinérance, plusieurs thèmes ont été abordés aujourd’hui dans le cadre d’un débat opposant les candidats à la mairie d’Alma Sylvie Beaumont (mairesse sortante), Sébastien Ouellet et Christian Collard. Si les échanges ont été cordiaux de façon générale, les candidats ne se sont pas privés de défendre leurs idées avec passion, quitte à faire quelques étincelles au passage.
Ce sont plus précisément neuf thèmes qui ont été abordés : l’attractivité d’Alma et comment l’accroître, le logement, l’itinérance, l’avenir du centre-ville, les infrastructures et l’économie, la culture, l’environnement, le caractère distinctif de Saint-Cœur-de-Marie ainsi que le rôle d’Alma comme leader régional.
Chaque thème a été couvert avec des tours de parole de 45 secondes suivis d’une période de débat ouvert. Le débat s’est déroulé dans les locaux du COlab d’Alma.
Aperçu général
Mais avant de faire la ventilation des thèmes phares, identifions les principales tendances qui se sont dégagées.
D’abord, Sylvie Beaumont a misé sur son bilan. La mairesse sortante s’est dite fière des faits d’armes qu’elle a cumulés à l’hôtel de ville et n’a pas hésité à les rappeler pour appuyer ses propos.
De son côté, Sébastien Ouellet, à défaut d’avoir un bilan politique, s’en est remis à sa longue implication dans le milieu communautaire à titre de directeur général du Centre de ressources pour hommes Optimum pour convaincre l’auditoire que sa ville, il la connaissait tout aussi bien que les élus.
Enfin, Christian Collard y est allé à contre-courant avec des propositions pour le moins originales. Sa réponse aux maux d’Alma a été dans la plupart des cas la construction d’un immense gratte-ciel au cœur de la municipalité. Celui-ci permettrait à la fois de lutter contre l’itinérance en proposant de l’hébergement, d’augmenter l’offre en habitation, de favoriser le développement durable en freinant l’étalement urbain et d’accroître l’accessibilité des services municipaux en les rassemblant sous un même toit, celui de cet immense gratte-ciel.
Logement
Alors qu’Alma est toujours en situation de pénurie de logements, les candidats ont été interrogés sur les moyens qu’ils privilégieraient pour sortir de cette crise.
Christian Collard a axé sa réponse sur le fait qu’il y a selon lui une pluralité de moyens pour venir à bout de la crise du logement. « Il y a plusieurs solutions. Par exemple, moi, j’aime ça vivre dans un condo, mais souvent, je couche dans mon auto. Donc, pourquoi ne pas permettre aux étudiants de dormir dans leur voiture et transformer des stationnements en terrains prévus pour ça. »
Sylvie Beaumont a commencé par souligner les efforts déjà déployés par son administration, affirmant que 158 logements se sont ajoutés depuis qu’elle est en poste. Un record, dit-elle, par rapport aux dix dernières années et qui a été rendu possible grâce à la mise en place d’une réglementation facilitante par son administration. La mairesse sortante a ensuite mentionné la « proactivité » dont elle a fait preuve dans sa collaboration avec le Collège d’Alma en lien avec la construction future d’une résidence étudiante.
Son tour venu, Sébastien Ouellet a reproché à l’administration Beaumont et aux précédentes d’avoir « manquer de vision à long terme », sachant que « depuis 2018, Alma est en situation de crise du logement avec un taux d’inoccupation qui environne 0,5 % ».
En somme, le candidat estime que les 158 nouveaux logements sont trop peu, trop tard. Il a par ailleurs accusé l’administration actuelle d’accaparer le succès de projets dans lesquels, au mieux, elle avait agi comme facilitateur.
« La résidence du Collège d’Alma, ce n’est pas vous qui a travaillé ça, c’est le Collège d’Alma. C’est comme les 60 logements de Coderr : c’est Coderr qui est arrivé avec un plan d’affaires et vous, vous leur avez donné un terrain. »
Itinérance
Au sujet de l’itinérance, Sylvie Beaumont a d’abord réitéré qu’il s’agissait d’un enjeu relevant ultimement du palier provincial et fédéral, mais dont ceux-ci s’étaient progressivement déresponsabilisés.
« L’itinérance, c’est un problème social. Or, les problèmes sociaux n’appartiennent pas aux municipalités. Quand je suis arrivée en politique municipale en 2003, on parlait de trottoirs, de tuyaux, de parcs, mais là, s’est rendu qu’on doit s’occuper de tout même si on ne nous donne pas les moyens de le faire. »
En contrepartie, la mairesse sortante a manifesté à plusieurs reprises son désir de participer à la solution, notamment en travaillant avec le CIUSSS du Saguenay-Lac-Saint-Jean qui, selon elle, a « un grand très, très grand rôle à jouer là-dedans ».
Bien que similaire, le point de vue de Sébastien Ouellet divergeait toutefois de celui de son opposante à certains égards.
Si les deux s’entendaient sur le fait que l’itinérance est « multifactorielle » et que les autres paliers de gouvernement devraient en faire plus, le candidat croit toutefois que la ville pourrait elle aussi en faire davantage. Rappelant que la pénurie de logements et que le coût élevé de ceux-ci a un rôle à jouer dans l’itinérance, il affirme que la Ville « ne peut pas se contenter de laisser le privé développer des logements. Il faut être beaucoup plus proactif, et c’est pour ça que je parle d’une stratégie d’habitation globale dans mon programme. »
Pour sa part, Christian Collard a affirmé que s’il devenait maire, il comptait « refaire la loi » de sorte que les personnes en situation d’itinérance aient plus de liberté dans le choix de l'endroit où elles habitent. « Vous pouvez être sûr que si je deviens maire, il n’y aura pas un itinérant qui va dormir dehors cet hiver! »
Économie et infrastructures
L’économie a été abordée sous différents angles tout au long du débat. Il en a notamment été question par le biais de l’entretien et du développement des infrastructures.
À cet égard, Sylvie Beaumont a fait valoir que la « saine gestion des finances » effectuées par son administration avait permis la réalisation de plusieurs chantiers d’importance. Si elle est réélue, a-t-elle dit, elle s’engage à conserver la même rigueur et à investir prioritairement dans les infrastructures routières.
Sébastien Ouellet a rétorqué, affirmant que les finances de la Ville n’étaient pas gérées avec suffisamment de transparence.
« En ce moment, il y a des questions à se poser sur nos infrastructures. La question des eaux usées, ça fait plusieurs années qu’on a des problèmes qui s’étirent. Mme Beaumont nous disait encore en 2024 que le problème était réglé sur le boulevard Auger. Ce n’est pas réglé. Le stationnement à étages, on parlait au départ de 3 M$ pour sa réfection, après ça, de 8 M$, et hier, de 12 M$ à 16 M$ et de 40 M$ pour le reconstruire. »
En somme, Sébastien Ouellet croit que « les citoyens ont le droit de savoir, à l’aide d’un tableau de bord, dans quel état sont leurs infrastructures et d’avoir un suivi pour savoir si leur argent est dépensé intelligemment. Et pour ça, ça prend plus de transparence. »
À cela, Sylvie Beaumont lui a répondu qu’elle et son administration étaient « très transparents et honnêtes ». Elle a ajouté : « peut-être que vous [Sébastien Ouellet] ne le savez pas parce que vous n’avez jamais siégé, mais on marche par résolutions dans une Ville. Quand on prend des décisions, pour que ce soit public, il faut que sa passe au conseil et c’est tout le conseil qui vote. »
Sur le plan des infrastructures, Christian Collard s’en est essentiellement tenu à son projet d’immeuble centralisateur.
Culture
En matière de culture, la position de Sébastien Ouellet consiste à « se rapprocher des quartiers et d’offrir des budgets participatifs pour que les citoyens aient l’occasion de proposer leurs idées et d’amener de l’innovation dans la ville. C’est en laissant de la place aux citoyens, martèle-t-il, qu’on va avoir un milieu attractif et qui se distingue. »
Du même avis que son adversaire sur l’importance de l’implication citoyenne dans la culture, Sylvie Beaumont soutient qu’Alma fonctionne déjà avec « cette mentalité-là ».
Elle ajoute que la politique culturelle récemment adoptée par la Ville constitue un bel outil pour « aller chercher tous les beaux talents qu’il y a Alma et les utiliser pour faire rayonner la ville ».
De son côté, Christian Collard s’est engagé à réconcilier culture et religion. « Je crois, a-t-il dit, qu’il faut que notre vision de la culture dépasse, justement, la culture. Je crois que les religions, ce sont des formes de cultures et qu’elles gagneraient à avoir plus de place. »
Avenir du centre-ville
Un peu comme pour l’habitation, Sébastien Ouellet a salué le travail accompli par l’administration en place, mais considère que la vitalité du centre-ville est un enjeu par rapport auquel Alma « a pris du retard ».
« Avec le projet particulier d’urbanisme (PPU), c’est un pas dans la bonne direction qu’on a fait. Par contre, il faut être cohérent dans l’ensemble. On a une église magnifique [Saint-Joseph] qui a besoin d’investissements et d’un leadership municipal. On a un stationnement à étages qui tombe en ruine et on transforme un bâtiment du centre-ville en hôtel au lieu d’en faire des logements. Elle est où, la cohérence dans cette question-là? »
De son côté, Sylvie Beaumont s’est félicitée des 4,5 M$ jusqu’à maintenant investis dans le PPU dont le principal objectif est de revitaliser le centre-ville. Son souhait est maintenant d’obtenir un second mandat afin de poursuivre le travail amorcé, précisant que le centre-ville, « il faut y ramener les touristes, les étudiants, l’habiter et lui forger une identité unique ».
La candidate s’est par ailleurs défendue de n’avoir rien fait pour l’église Saint-Joseph alors que la municipalité y injecté 400 000 $.
Quant à Christian Collard, ce dernier s’est dit persuadé que l’avenir du centre-ville doit passer par la construction en son sein d’un immeuble surdimensionné dans lequel il serait possible de concilier habitation, commerces et services.